Expérience MOOCAZ | semaine Deux

S2

En deuxième semaine du MOOCAZ, nous sommes, paraît-il, près de 4000 inscrits. A l’usage, rien ne le signale, c’est un groupe relativement restreint qui intervient régulièrement sur le forum et les réseaux. Le MOOC comme outil de prise de conscience de la majorité silencieuse, dommage. Par contre, la lisibilité du MOOCAZ est bien réelle dans les 90 projets de MOOC déposés. Maître mot : diversité. Scientifique, numérique, langue, familial, les sujets couvrent nombre de champs d’enseignement. Cela seulement dans la partie “Création de MOOC” car j’ai décidé de faire l’impasse sur la partie “Analyse de MOOC”. Même si je ne peux m’empêcher d’y jeter un œil pour voir les travaux, je n’ai pas le temps d’approfondir cette partie. 

Le Travail de la semaine ? passons à la scénarisation. C’est en grande part un aspect pédagogique : Parcours de formation, Planification du parcours, Modules/Séquences /Activités… Un formateur y retrouverait ses petits. Du coup, là aussi comme pour la partie pédagogique du Cadrage, j’ai les idées claires sur mon sujet personnel : j’enseigne déjà la matière sur un Centre Permanent Métier d’Art. Cela me facilite la vie mais si ce n’était pas le cas, encore un fois, les vidéos du MOOCAZ sont là pour pallier à des manques. Reste à lier cela au numérique : prise en compte des interactions réseaux. Je ne suis pas né dedans mais j’utilise et forme à Internet depuis 1996. Il y a longtemps que j’utilise l’aspect collectif du réseau dans le cadre de projets, notamment autour de la transmission de Patrimoine et d’Histoire locale et puis le MOOCAZ est formateur, on voit bien par là que certaines techniques marchent et que d’autres stagnent, le Wiki par exemple ne démarre pas vraiment. Anticiper des interactions alors que l’on est au cœur de l’usage de ces interactions devient assez simple.

Pour le montage de l’activité, j’ai les outils, les supports, les moyens et la gestion des droits de tout ça est maîtrisé : le sujet, c’est de l’Histoire et pour une partie des documents tombés dans le domaine public, pour le reste des documents libres de droits que je possède en réel. Cela ne m’empêche pas d’envisager des partenariats pour des supports dont j’aurais besoin ultérieurement, Musées, Centres de documentation, le but n’est pas (encore) de prendre des contacts mais de le prévoir.

Encore une fois, un peu de mise en forme et je peux déposer ma Scénarisation du MOOC Histoire de la Tapisserie d’Aubusson, je vais même finir par avoir l’impression que tout est facile ou alors c’est la rançon du métier ? trop beau sûrement, ça durera pas ..

Comme chaque semaine, le débat de la semaine court sur le forum : “S’ils poursuivent leur essor, les MOOC impacteront-ils le métier des formateurs et des enseignants du supérieur ? Et si oui, comment ?” Réaction immédiate à cette lecture : D’abord appeler un devin : ce sont les seuls capables de répondre à un débat du style “si demain ou plus tard, est-ce que peut-être ?…” mais je n’ai pas été foutu de trouver un bon devin alors je me suis demandé plus sérieusement : “Mais dans quel monde vit l’équipe pédagogique ?” Cela fait plus de 25 ans que je suis formateur et ce métier est sans arrêt en mouvement : évolution organisationnelle, pédagogique, évolution par les moyens, les outils…

Du coup, un nouvel outil impactera forcément au moins sur le travail d’une partie d’entre nous. Après, il faut dire que je ne me sens pas trop faisant partie des “enseignants du supérieur”. Même limite que si y’avait des “enseignants de l’inférieur”, je pourrais m’y sentir à l’aise : mon quotidien est plus lié aux savoirs de base, aux compétences clés qu’aux problématiques universitaires mais c’est peut-être justement cette place qui me rend plus sensible aux aspects de démocratisation du savoir. Il y a longtemps que les formateurs (bon, d’accord, peut-être pas tous) ont pris la main sur des aspects plus organisationnels de la transmission de compétences et développent l’autonomie dans les acquisitions. Les MOOC, par leur principe d’acquisition accompagnée, encadrée mais autonome de savoir s’intègrent bien dans ma façon de faire actuelle. Pour tout dire et poursuivre avec cette réflexion, j’attends avec impatience le démarrage d’un MOOC où je suis inscrit avec quelques-uns de mes stagiaires afin de voir l’intégration possible du MOOC dans un parcours de formation.

L’étape la plus formative de cette semaine, c’est le démarrage de l’évaluation par les pairs. Vous ai-je dit que j’avais fait formateur, dans la vie, pour ne pas avoir à être mis en doute ? C’est vrai quoi, c’est bien connu qu’un enseignant, ça détient la vérité et c’est quand même pas un inconnu via internet qui va remettre en cause mon expertise ? … Comment ? Evolution du métier de formateur via les MOOCs ? Non, vous n’y pensez pas ! Trêve de plaisanterie ( Ah ? c’était une plaisanterie ?), la remise en cause est une seconde nature chez moi comme chez beaucoup d’enseignants aujourd’hui mais évaluer, c’est aussi le cœur de notre métier et quand on a l’impression qu’un truc ne colle pas, c’est bien qu’il y a question.

Cet aspect du MOOC est un de ceux qui m’interrogeait le plus. La première question, c’est : ai-je besoin d’être évalué sur mon travail ? Ne suis-pas apte à m’auto-évaluer ? Ce que j’aurais acquis, je suis capable de le mesurer et donc l’avis de machin ou truc m’importe peu. Evidemment, dans un futur où les MOOCs deviendraient qualifiants, les porteurs du MOOC pourraient avoir à valider des compétences, chercher à classer les inscrits et donc s’appuyer sur des évaluations à l’échelle des MOOC : forcement collectives. Mais cette évaluation, c’est aussi une capacité inégalée de regards sur un travail du MOOC qui m’a surpris, ces remarques, critiques construites, points de vue différents questionnants… ça m’a bien énervé parfois que l’on mette si facilement le doigt sur un souci de mon travail mais aussi bien repositionné dans le sens des MOOCs.

Il y a pourtant plusieurs bémols à ça : L’évaluation par les pairs me paraît une méthode fantastique quand on a vraiment à faire à ce que l’on peut qualifier de pairs. Le mot est clair, il a un sens rassembleur. Sur le MOOCAZ, au cours de cette semaine, ce n’est pas toujours le cas. Tout le monde peut participer à l’évaluation anonymisée des productions et personne n’est obligé de le faire. Matthieu et l’équipe ont beau signaler que c’est la qualité des retours qui est pris en compte, on se retrouve avec des incompréhensions totales de sujet et l’aveu manifeste qu’on ne s’y est pas intéressé, des discussions de points de détails sans intérêt et des incohérences d’évaluations qui critiquent ce qu’elles encensent la ligne suivante. A tel point que j’en arriverais à faire un récapitulatif des “perles MOOCAZ”.

La diversité des inscrits, sans réel thème commun, fait aussi que cette évaluation, même anonyme, met en lumière les incapacités de beaucoup à sortir de leur cadre. En schématisant, on pourrait dire que les scientifiques sont scientifiques et ne comprennent même pas l’intérêt de ce qui est culturel, les littéraires font de belles tirades pour descendre ce qui parle de code et ceux qui font le plus de consensus sont les projets transverses : langues, famille … Si on ajoute à cela le fait que le MOOC est ouvert à tous et donc aussi à une proportion de gens qui “cherchent à prouver”, prouver qu’ils ont les compétences pour évaluer, pour porter un projet .., sans forcément tout maîtriser mais avec l’humilité d’un bulldozer, cela laisse une proportion importante d’évaluations sans intérêt hormis se poser la question de l’intérêt global de l’évaluation par les pairs. Sur cela, je reste sûr que le MOOCAZ était spécifique par sa diversité de thèmes et j’ai hâte d’expérimenter ça sur un MOOC avec un thème commun.

Mes articles seraient trop longs si je parlais de tout : Je n’ai pas parlé de la partie collective, le MOOC Médiation Culturelle, où les interactions deviendront de plus en plus compliqués entre les membres de l’équipe, du fait de temps totalement différents. Ce peu de temps collectif accouche quand même d’une scénarisation et d’une activité ludique particulièrement en lien avec son temps et investissant parfaitement les réseaux. Je réutiliserais sûrement ça dans un autre cadre.

Vous pouvez lire un autre regard sur l’évaluation par les pairs du MOOCAZ ICI

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