Expérience MOOCAZ | Semaine Quatre

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Nombreux sont ceux qui se posent la question de l’utilité des MOOCs, de leur pérennité. Je vais donc prendre un peu de recul en cette semaine Quatre (ça, c’est pour ne pas dire que le sujet de cette semaine va me poser souci, malin, hein ?). Je suis formateur et j’imagine que, du coup, je fais partie de cette élite de l’enseignement qui est particulièrement sensibilisée aux méthodes de transmission du savoir. Toujours à l’écoute de la société, l’enseignant surfe sur les courants de pensée et utilise au mieux toute technologie à sa portée pour porter loin son message puisque c’est sa mission … Wooowwww ! c’est pas les Bisounours, l’enseignement ! Je connais un paquet de collègues qui rament grave dans leurs usages du numérique et qui sont le nez dedans quand il faut installer un ordinateur. Je connais aussi des institutions qui s’enferment totalement dans des plateformes d’e-learning inadaptées autant aux élèves, étudiants, stagiaires qu’aux formateurs, professeurs… Ce n’est pas si intuitif que ça, l’enseignement via le numérique. Si j’ai rapidement baigné dedans avec mon IBM 486sx25, ma connexion à 512Mo et mon premier site sur Mygale.org avec 4Mo de place (ah, ça non, pas trop illustré, le site !), c’est avant tout via l’associatif que j’y suis venu et pas par intérêt professionnel. A l’époque, en réunion de boulot, on me rétorquait même qu’internet, c’était un feu de paille, c’est dire. Tout ça pour en arriver au fait que oui, je fais partie de ce public sensibilisé qui va naturellement vers les MOOCs, un peu âgé visiblement d’après cette étude (seul 12% ont entre 45 et 55 ans), pas trop dans la bonne région (11%) mais malgré ça relativement acquis.

Après ce constat, quelles sont les raisons qui me poussent à m’immerger plus à fond dans cet univers ? D’abord évidemment j’ai en projet ce fameux MOOC sur l’Histoire de la Tapisserie d’Aubusson, il me faudra quelques partenaires, sûrement du temps mais je suis persistant : il verra le jour. En second, j’y ai cherché la vérification qu’il n’y a pas là des méthodes et moyens transposables dans mon activité : ce n’est pas un hasard si j’ai choisi pour démarrer un “MOOC pour faire des MOOCs” (au passage, j’ai remercié Matthieu Cisel, l’équipe pédagogique du MOOCAZ mais pas l’ENS Cachan et c’est pourtant la moindre des choses). C’est plus une démarche personnelle que d’entreprise mais rien ne dit qu’être là au début ne sera un atout pour plus tard et puis ma pratique a déjà été impactée par le MOOCAZ : j’ai fait beaucoup de chemin sur la question notamment de la vidéo pédagogique. Aujourd’hui je réfléchis à une plateforme qui pourrait jouer le rôle de service après-vente aux formations que je dispense : rappels, compléments de formation en ligne, entraide… et ce sont les MOOCs et leurs méthodes et outils qui m’amènent à cela. Enfin si je peux imaginer construire et transposer sur de nouvelles bases, c’est que, grâce à cette grande soupe populaire formative, mélangeant vidéos, forums, réseaux sociaux, wiki, experts, entraide, activités … mes acquis ont évolué efficacement, en respectant mes rythmes et surtout sur un temps particulièrement court, de quoi me donner envie d’y revenir.

J’ai dit que cette semaine m’avait posé souci, on y arrive : elle est consacrée à la gestion de projet et ce ne sera pas cela qui va me poser problème. En tant qu’éditeur, j’ai eu à négocier des droits d’auteurs avec de grosses structures américaines (quand on négocie avec les ayants-droits d’un personnage comme Tarzan, il faut des arguments), rechercher traducteurs, graphistes, lettreurs, financements, imprimeurs, distributeurs … et puis ma pratique professionnelle m’amène à gérer les parcours d’environ 200 stagiaires par an. Définir des objectifs, coordonner une équipe, produire ou mobiliser des ressources, communiquer, je ne suis pas expert mais s’il le faut, je sais gérer. Je me retrouve donc plutôt bien dans les vidéos du MOOCAZ consacrées cette semaine à ces problématiques. Le MOOC comme moyen de conforter ses pratiques : je sais faire mais est-ce que je fais bien et est-ce que je ne peux pas faire mieux ? La vidéo concernant la typologie des ressources et les liens afférents étant par exemple l’occasion de classer des ressources comme je ne le faisais pas avant.

Le souci de cette semaine est ailleurs : pour le parcours “Création de MOOC ”, il s’agit de réaliser le teaser de notre MOOC après en avoir rédigé le script. J’ai beau tourner les choses dans tous les sens, cette histoire de me mettre en avant me bloque. J’emprunte du matériel pro, je négocie le tournage de quelques images qui me manquent au Musée du coin, je filme quelques plans de coupe, je choisis ma musique dans l’idée de cette plongée dans le temps et puis tout ça ne me satisfait pas. L’équipe du MOOCAZ a signalé que “C’est un exercice difficile et nous sommes conscients du défi que nous vous lançons. Mais le jeu en vaut la chandelle et nous pensons qu’il est très intéressant d’être confronté à la réalisation d’une vidéo”. Merci ! C’est intéressant : plus jeune, j’ai déjà participé à de “vrais” tournages, je sais à quel point c’est un métier exigeant et je me vois mal m’improviser cinéaste encore moins acteur. Cette question reste en suspens mais elle n’est pas éludée, j’y reviendrais pour y accorder l’importance que cela mérite. J’en décale la réponse pour le MOOC Médiation Culturelle et me permet une pirouette en utilisant des images libres de droits et du texte animé avec le plus basique des outils à ma disposition, Windows Movie Maker. Je suis conscient que c’est un minimum, certains évaluateurs trouveront cela malgré tout efficace.

Pendant ce temps, les règles du jeu changent. L’évaluation par les pairs sur une base volontaire n’ayant pas suscité suffisamment d’adhésion, elle devient obligatoire pour obtenir les attestations de réussite délivrées en fin de MOOC. ça tombe mal, la fin d’année est le pire moment pour mon activité : bilans, diplômes… Heureusement, on nous offre la possibilité de le faire en fin de MOOC .
Ah oui, il reste le débat de la semaine : “Peut-on faire des MOOC sur tout ?”. Cette question oriente le débat vers la capacité d’un sujet à être massif, sur le coût d’un MOOC pour les retours attendus, etc. Pour ma part, je reste persuadé qu’un sujet atypique comme le mien, histoire d’un art, peut trouver son public, que son financement peut se faire via des institutions qui ont obligation de transmettre, tels les musées de France dont “les missions sont de rendre accessibles leurs collections au public le plus large, de concevoir et mettre en oeuvre des actions d’éducation et de diffusion visant à assurer l’égal accès de tous à la culture, de contribuer aux progrès de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion.”, ce qui fait plutôt bien écho avec les MOOCs.

A suivre.

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