Intégrer les technologies à la formation : le modèle SAMR

En tant que formateur, et même si l’on suit quelques formations internes, on se sent souvent seul face aux évolutions de ce métier. C’est entre autres pour cela que je me suis tourné vers les MOOC pour interroger mes pratiques et que j’ai développé ce site afin de partager sur le sujet.

Actuellement je travaille avec MOODLE sur des scénarii pédagogiques et les champs d’expérimentations sont tellement vastes que rechercher des méthodes est une bonne part de mon avancée.

Je m’étais inscrit à Elearn2 : une formation 100% en ligne pour former en ligne mais j’ai un peu présumé de mon temps libre. Pourtant quand on lit le retour de certains intervenants ici :  “Les effets de l’accompagnement technopédagogique des enseignants sur leurs options pédagogiques, leurs pratiques et leur développement professionnel” par Marcel Lebrun, Christelle Lison et Christophe Batier, on voit bien que cet accompagnement est essentiel.

Une des pistes explorées dans ce cadre (ou comment ne pas suivre un MOOC et profiter quand même de ses apports) est le modèle SAMR établi par Robert Puentedura (Forcément intéressant : il se sert de la série Sherlock comme exemple !).

Sur ce modèle, il distingue quatre niveaux d’intégration des outils technologiques et de leurs usages dans une formation. Pour le comprendre, on peut lire ce schéma, organisé par niveaux (le plus bas niveau d’utilisation de la technologie étant en bas du schéma) :

Le Blog de Thierry Roy de l’ESPE Poitou-Charentes montre quelques exemples d’utilisation pour mieux comprendre la mise en application : http://blogs.univ-poitiers.fr/t-roy/2015/11/05/le-modele-samr/ et sur le site de la Délégation académique au numérique de l’académie de Grenoble, on trouve un tableau liant le modèle SAMR à une partie de la taxonomie de Bloom.

Mais c’est encore en reprenant chaque niveau que l’on comprendra mieux :


1. SUBSTITUTION

C’est le plus bas niveau d’intégration : On remplace une utilisation souvent manuelle par une utilisation numérique : le traitement de texte au lieu du crayon papier. A part utiliser l’outil pour l’outil ou dans le cadre de certains métiers qui rendent l’outil obligatoire, la plus-value est proche de zéro.

2. AUGMENTATION

C’est un peu le degré “réalité augmentée” : je fais comme avant mais avec quelques plus, j’ajoute à ma capacité de faire grâce à l’outil numérique : il corrige mes fautes, met en page et rend plus attrayante ma production, etc.

Sachant que, à ce stade, nous sommes sur des tâches réalisées avec un seul outil, l’enseignant a intérêt à mesurer l’apport du numérique car, dans certaines situations, cela peut même être pervers. Un apprenant peut avoir tendance à se reposer sur l’outil qui peut pallier à certains de ses défauts.  L’utilisation de nouvelles fonctionnalités doit apporter une amélioration pédagogique fondamentale sinon autant s’en passer.

On l’a compris, ces 2 premiers degrés (Substitution, Augmentation) se rattachent aux 3 premiers stades de la taxonomie de Bloom :  les capacités de connaître, de comprendre et d’appliquer de l’apprenant.


Les deux degrés suivants (Modification, Redéfinition) se rattachent donc aux capacités pédagogiques essentielles que sont analyser, évaluer et créer. On entre dans une réelle transformation du travail

3. MODIFICATION

Le numérique permet d’effectuer une tâche différemment. On la réalise en exploitant le potentiel des outils numériques : mise en ligne, partage, rédaction commune, commentaires  ou questionnements de la part de l’enseignant, d’un groupe dont on fait partie. Dans le cas d’une tâche d’écriture, l’enrichissement est donc évident . Ce stade introduit de fait le principe de collaboration.

L’enseignant doit tenir compte de la situation de travail. Il y a une différence importante entre une formation en présentiel, ou partages et échanges peuvent se réaliser en direct, et une formation à distance où cela ne peut se réaliser sans technologie. On sent bien que la tendance vers la formation à distance place à minima ce concept de Modification au premier plan.

4. REDÉFINITION

Définition simple ? la tâche possible à ce stade n’existait pas sans la technologie.

Les outils numériques permettent d’assurer des tâches entièrement nouvelles, le plus souvent créatives, mais aussi avec un retour immédiat de la part des utilisateurs. C’est la possibilité de mettre en ligne une production multimédia enrichie, du trans-média, d’y intégrer de la vidéo, du son, etc.  Cette production peut recevoir des commentaires d’autres apprenants mais aussi d’internautes partout dans le monde qui peuvent enrichir à la fois notre propos et nos capacités par leurs apports.

Ce niveau joue sur des leviers à maîtriser à notre époque : la communication, l’esprit critique et la capacité de faire des choix seul ou en collaboration.

j’ai lu quelque part (trop de référence, tue la référence !) que c’est comme ça que les Beatles sont devenus ce qu’ils étaient : A force de jouer face à un public, avec un retour direct et des commentaires cinglants, plutôt qu’à répéter seuls dans leur garage. Une façon intéressante de faire comprendre le concept de redéfinition à de jeunes apprenants.

Face à des tâches qui n’auraient jamais été possibles auparavant, le formateur a donc tout intérêt à maîtriser les outils afin d’accompagner d’abord puis avoir la capacité d’évaluer l’apport du numérique en formation.

 

 

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2 réponses

  1. 16 mars 2020

    […] dans cette phase que l’on peut transformer nos cours, nos parcours et réellement modifier ou redéfinir ce que l’on cherche à […]

  2. 7 juillet 2020

    […] Le modèle SAMR (Substitution, Augmentation, Modification, Redéfinition) est un de mes modèles de construction pour l’usage du Numérique en formation. La première infographie de Christophe Rhein y est pour beaucoup : claire, liée à des exemples et à la taxonomie de Bloom, c’est un support essentiel. […]

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