LE MARCHEDIEU par Alfred Rousseau

Suite des textes d’Alfred Rousseau sur Aubusson, toujours issu du recueil de poèmes « Un an de Poésie », voici un texte sur le Marchedieu et, en prime, une gravure, qui sert de préface, d’Achille Allier (Montluçon 1807 – Bourbon-l’Archambault 1836) qui incarnait à l’époque le romantisme bourbonnais.

LE MARCHEDIEU

Si vous aimez les flots errans dans les prairies,
Dont le murmure invite aux douces rêveries,
Au sommet d’un rocher venez là vous asseoir ;
La Creuse à son entrée est plus calme et plus belle,
Et l’on voit au couchant de grands bois en dentelles,
Dont chaque feuille joue avec le vent du soir !

Entre nos huits grands monts, c’est la sainte colline ;
Voyageurs qui passez, que votre front s’incline
Enfant, murmure ici ta prière tout bas !
Ces chemins tortueux conduisaient au vieux temple,
Et quand du haut des cieux Jéovah nous contemple,
Le géant de granit s’abaisse sous ses pas !

Si l’éclair fend la nue et que la foudre gronde,
Le colosse mugit sur sa base profonde,
Et les échos lointains tressaillent dans les bois ;
La montagne souvent de flammes est couronnée,
Comme le Sinaî quand la loi fut donnée,
Et que Dieu l’ébranla du souffle de sa voix !

Quand l’orage s’élance et que le vent bourdonne,
Et que sur les tombeaux la voix de Dieu résonne,
Comme pour appeler les justes dans les cieux,
Au pied de l’éternel, lumineuses phalanges
Le voyageur d’ici, voit se pencher les anges,
Berçant le trône saint de leurs concerts pieux !

Et quand la nuit s’écoule en doux songes fertile,
C’est qu’un bon ange est là qui veille sur la ville
Et couvre les maisons de ses deux ailes d’or ;
Mais, dans l’humble cité, quand sonne l’agonie,
Sur la montagne en deuil plane un mauvais génie,
Enfans, priez encor !

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