Nous continuons notre exploration temporelle dans les années 30 et le samedi 4 décembre 1937, dans le Mémorial de la Creuse, nous avons pu lire un joli texte titré « Aubusson, ma ville » précédé d’une petite mention : « Nous recevons d’une Aubussonnaise exilée à Paris les vers suivants que nous reproduisons avec plaisir. » Ce texte est signé « Clémence Louis ». illustre inconnue ? peut-être pas pour tous ? Si vous connaissez, dites nous. En attendant, nous n’avons pas résisté à l’envie de partager ce texte qui, encore, donne des indications sur la situation de la tapisserie en 1937.
Entre des collines, enchâssée
Ainsi qu’une perle, il faut voir
Aubusson voilée de fumée
Quand tombe la fraîcheur du soir
Et l’hiver de neige parée ! …
Ses vieux toits gris revêtus
De leur blanche tenue brodée,
De glaçons en franges, pointus !
Puis ce décor de Noël passe…
Un franc soleil, hardi, malin,
Effraie l’hiver, furète et chasse
Le froid du plus petit recoin
Une floraison merveilleuse
Se prépare sur les hauteurs
Ou la sève ardente, amoureuse
Reverdit les genêts chanteurs
Et leurs papillons d’or éclosent
Couvrant les pentes arrondies
D’où les vipères, encore n’osent
Sortir leurs anneaux engourdies
Les vieux sur le pas de leur portes,
Leur bol de soupe à la main,
Songent à leur jeunesse morte,
Aux jours heureux, sans lendemain.
Le ateliers pleins de poussière,
Sont vides hélas ! et les métiers,
N’enroulent plus comme naguère
les chefs-d’oeuvre des tapissiers.
Et, quand le soir la cloche sonne,
Sur ma ville à nouveau voilée,
Par la tristesse et par l’automne
O ma prière envolée.
Avec le son, obtient la grâce,
De l’industrie désolée,
Qu’Aubusson reprenne sa place.
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