Sous les remparts…

Aubusson n’a pas livré tous ses secrets. Il y a quelques jours, Michel Moine (Maire de la ville mais vous le savez maintenant…) m’a envoyé un mail pour me signaler qu’au cours d’un nettoyage de jardins par l’équipe du chantier d’insertion de la ville, ils ont mis au jour un lieu étonnant, d’autant plus qu’il est situé à quelques mètres de la Tour de l’Horloge, juste sous l’endroit sensé être les anciens remparts de la ville. Ma curiosité piquée, je suis passé voir avec mon appareil photo : Un peu d’imagination, des suppositions, des certitudes ??

Le lieu dans son ensemble, les escaliers montent au chemin de la Tour de l’Horloge. L’angle de la porte et l’épaisseur des murs sont particuliérement curieux

La porte, un gond en fer en bas droite ne laisse pas de doute sur la fermeture de celle-ci. Elle n’est ni de face, ni de côté par rapport à la « pièce » mais bien en angle.

L’endroit, vu de haut, est particulièrement exigu. Difficile d’y imaginer un lieu de vie.

Une petite cheminée prend place au fond Ouest, étonnament petite.

Une voûte en briques creusée dans le mur Sud. Les briques sont de construction et non noircies, il y a quelques traces noires dans le fond. Pas un four comme les gars du chantier l’appellent sinon il y aurait trace d’une cheminée et la voûte serait noire. Rangement ? réserve ?

Le haut du Mur Nord, contre le mur de souténement du chemin de la Tour de l’Horloge, montre des traces non dégagées d’emplacements pour des poutres (ici soulignées en blanc), il y avait un plancher au dessus.

Le haut du mur de la cheminée. A droite, le conduit de la cheminée, à gauche, un reste d’encadrement de fenêtre, dont le bas est en retrait.

A l’est, on voit nettement que le lieu a été modifié et construit sur le bas de l’escalier. Le mur est en deux parties et le retour de l’escalier (partie droite) est visiblement un ajout.

L’encadrement de la porte vu de l’intérieur, avec cet angle si particulier.
Une explication de l’angle ? ou bien ai-je voulu trop y croire ? Voici la vue que l’on a si l’on suit exactement l’angle de la porte :

Il parait facile d’extrapoler alors.Restons tête froide et analysons un peu :
Aucune marque particulière, ni sur la pierre, ni aux environs. Nous sommes dans des jardins en espalier entre la Tour de l’Horloge et la rue Vieille. Quelle type d’utilisation que ce lieu ?

Cuisine de jardin ? c’était courant en ville où l’on préparait directement la nourriture sur le lieu de sa récolte. Sauf que le lieu était entièrement construit, fermé, petit, exigu, peu pratique pour ce genre d’usage et avec une cheminée minuscule, l’inverse d’un lieu ouvert sur le jardin.

Lieu de séchage ? Après tout, partout à Aubusson on faisait sécher, nourriture, laine teinte…
Là aussi la cheminée ne semble pas pouvoir jouer ce rôle et l’espace de stockage de ce que l’on y ferait sécher est ridicule….

Petit cagibi d’habitation ? Aubusson avait un grand nombre d’habitants pour sa surface et je suis un des mieux placés par mon histoire familiale pour savoir que les mètres carrés au nombre d’habitants se comptaient parfois avec un doigt. Mais comment imaginer une habitation avec un mur plein sud de plus d’un mètre d’épaisseur sans ouverture ?

Mon analyse s’arrêtera là, reste l’hypothèse qui a fait travailler mon imaginaire :

« Les gardes suivent les remparts vers la Tour Blanche pour la trentième fois de la journée, la nuit tombe, bientôt la relève…
Un coup d’œil sur le château déjà éclairé par les feux…. Encore un jour calme. Nous serons bientôt rentrés.
Les nouveaux arrivent, des novices sûrement pour avoir été tirés au sort pour la nuit, on les plaint même pas, on en rigole..
Comme chaque soir avant d’entamer leurs gardes, ils descendent sous le chemin de ronde, prennent les torches dans la réserve de briques rouges et les allument dans la petite cheminée qui brûle depuis quelques heures. L’un d’entre eux restera là pour attiser le feu, il montera parfois à l’étage, pour surveiller de la fenêtre qu’ils ne s’endorment pas.
En sortant face au château, ils font signe de leurs torches pour montrer que leur service est pris puis montent les escaliers pour entamer leur ballet nocturne.
La nuit sera paisible… peut-être. »

Et s’il reste quelques doutes quand à ce texte, voici un extrait du fascicule  » Le Vieil Aubusson » de 1923 écrit par Maurice Dayras :

Nous sommes dans les jardins avoisinants…

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