Moulin à vent ?

Non, non, ce n’est pas un lieu d’Aubusson mais une impression, celle du développement de ce site actuellement : J’avais une petite idée pour le concours de ce mois et, en fait, ça aura plutôt été la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Si, aprés des années et des années de démolition, le jour où il ne reste plus que des lieux impossibles à raser (quoi que !), il ne nous reste que la possibilité que de faire le constat de nos erreurs passés et de nos regrets éternels, symbolisés par ce site, la prévision d’une exposition ou un hypothétique classement de protection des « restes » comme disait Dayras…
De 1923, où il faisait le compte des lieux à absolument conserver en ville (dont il ne reste pas la moitié aujourd’hui), à 1972, où, dans la Montagne, il s’insurgeait contre la destruction du Tribunal (dont les extraordinaires pierres de taille ont servi à combler un bief), Maurice Dayras a passé sa vie à lutter contre cette incroyable entreprise de démolition qu’est Aubusson, de toute son énergie, de tout son coeur, son intelligence et de tout son savoir. Plus je le lis, plus je trouve incroyable qu’un tel homme n’ai pas été écouté.Plus je cherche des lieux dont il parle et m’aperçoit qu’ils n’existent plus, plus je cherche un détail dans la ville dont il parle et qui a disparu, plus j’imagine le désespoir auquel les aubussonnais ont du le soumettre.

Pour ramener ces choses à aujourd’hui, ma petite idée de concours tournait autour d’un détail simple :
Il a, sur un côté du Pont Neuf, une marque qui signale le nivellement par rapport au niveau de la Mer.
Ce cercle de métal, incrusté dans la pierre du pont, est la marque du réseau Bourdaloue : Entre les années 1857 et 1863, Paul-Adrien Bourdaloue met en place un réseau de 15 000 repères en fonte scellés. ce sont les premières lignes de niveau de la France. Le zéro de nivellement fut fixé par une décision ministérielle du 13 janvier 1860 donnant comme niveau moyen de la Méditerranée, le trait de 0,40 m de l’échelle de marée du Fort Saint-Jean à Marseille. Ce zéro fut appelé « Zéro Bourdaloue ».

Au centre de cette marque, il y avait une plaque qui donnait le niveau de la ville par rapport au « zéro Bourbaloue ».
Naïvement, pour préparer ma question et vous piéger un peu sur le réseau Bourdaloue et le fait qu’Aubusson en faisait partie, je suis allé faire une photo, me souvenant de cette plaque : Résultat, vous avez la photo au dessus, elle a été arrachée…

Quel constat faire aujourd’hui ? Que chaque fois que l’on voudra, dans cette ville, faire appel à un souvenir, qu’à chaque idée, chaque détail même, qui tentera de nous rappeler la grandeur du passé d’Aubusson, on tombera sur une vieille photographie d’une chose ou d’un lieu disparu, un document quelconque et que dés que l’on voudra le lier à la ville, « voir les choses en vrai », on tombera sur un morceau qui manque ?

Vers 1930, Dayras disait d’Aubusson que c’était « l’art d’accommoder les restes », cela me parait aller au delà aujourd’hui puisque nos seuls restes ne sont que documents …Vous me direz ça tombe bien, la mode est aux documents mais qu’en est-il des gens qui viennent ici « voir » ? Qu’en est-il des gens qui vivent ici et qui savent que cette ville est autre chose que ce qu’il en reste ?

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