Impression bizarre, ce soir… Vous allez dire que je méle ma vie avec celle de la ville et celle du site sûrement… Tant pis, le tout est profondément lié alors…et puis vous allez comprendre, ça parle du passé un peu, de l’avenir aussi : je viens de mettre une photo de classe, celle de ma classe de CP de Jean Macé, dans la rubrique « Lieux disparus »…
Je suis parent d’élèves élu dans diverses écoles de la ville (Et oui, 3 enfants !) et ce soir, nous avions une réunion avec des représentants de la Mairie et de l’Inspection académique.
Les écoles primaires de la ville ne sont pas en meilleure forme : belle chute des effectifs depuis quelques années pour, l’année prochaine atteindre environ 220 élèves pour 13 enseignants sur 3 sites. Un vrai casse-tête pour ne pas fermer de classes ! L’année dernière déjà, la proposition de fermer le primaire à Jules Sandeau avait (presque !) fait l’unanimité car cela renforçait l’Ecole Villeneuve.
Les 3 sites primaires restants (les maternelles de quartier ne sont pas touchées par les changements) sont assez différents et distants : Chabassière, Villeneuve et Jean Macé, deux écoles de centre ville et une école excentrée, issues toutes de l’histoire de la ville et de ses quartiers profondéments indépendants.
La solution de facilité est, dans de telles situations, l’attentisme, ne rien faire, ne pas prendre de décisions… cela nous méne à terme à la fermeture d’une, deux voire trois classes rapidement (un taux d’encadrement de 220 élèves par 10 enseignants ne fait jamais que 22 par classe alors que la moyenne creusoise est de 20).
L’autre solution est de renforcer les points forts des écoles afin de mieux faire face à ces fermetures : Une proposition de parents d’élèves de Chabassière a visiblement retenu toute l’attention d’un bon nombre de parents élus et de la Mairie : celle de fermer l’école Jean Macé et de regrouper les enfants de la ville par cycles : CP-CE1-CE2 à Villeneuve (7 classes), CM1-CM2 à Chabassière (5 classes) plus un poste d’enseignant-coordonnateur pour faire les 13.
Que des avantages : La mise à égalité de tous les enfants de la ville (fini le phénomène de Ghettoïsation ou de « bonne école » dont on pouvait entendre parler), l’assurance du maintien des moyens humains (pour l’année qui vient au moins), de l’amélioration des moyens techniques par la mutualisation de ces moyens mis à disposition des enfants sur 2 écoles au lieu de 3, La fermeture d’une école jugée dangereuse de part sa situation , les charges de la ville réduites et donc réengagées sur les 2 pôles restants pour réaliser les travaux nécessaires…
Face aux inconvénients, des solutions sont proposées, comme par exemple la mise en place d’un systéme de navette pour régler le souci de transport des parents pour amener leurs enfants à Chabassière…
Le projet est cohérent, construit, intelligent.. la meilleure des moins bonnes solutions pour une ville qui perd ses enfants.
N’empéche, on va me taxer encore d’irréaliste social et économique, d’intégriste du passéisme qui ne voit même pas que toutes les ruines connues ne sont que le reflet de nos avancées, mais, (en dehors du fait que ça va poser quelques soucis d’organisation pour amener et récupérer deux enfants dans deux écoles différentes à l’opposé de la ville et que, du coup, ça va me fait bizarre de devoir faire prendre les transports scolaires à mes enfants dans une ville de presque 5000 habitants alors que j’habite à 20 mètres d’une école fermée,) cette école-là, la plus ancienne de la ville, celle qu’on avait collé auprés de celle des curés, pour les narguer sûrement, j’avais espéré que mes trois enfants puissent y passer, que je leur raconte mes parties de quatre coins (Vous les montez les arbres à Chabassière ? sinon comment les mômes y vont apprendre ?) dans cette cour fermée, hors du temps et du reste de la ville, comme un cocon… la grille sur le mur où l’on s’asseyait pour discuter de comment on allait attacher les indiens… le caniveau avec les meilleurs coins pour les parties de billes… la salle au fond du préau où l’on préparait les trucs pour offrir aux mamans le jour de la fête des mères… la porte de derrière qui ouvrait sur ce petit passage vers la place de l’église comme un des mystères de la ville révélé d’un coup… et toutes ses petites choses qui font que l’on transmet un lieu de générations en générations, que l’on s’y attache petit à petit et que l’on a envie d’y rester, d’y revenir plus grand pour voir ses enfants fréquenter la même école que soit…
Des idées et des valeurs qui sont une aberration dans une société comme la nôtre ? A Aubusson, comme presque partout ailleurs, bientôt oui, mais ça m’empéche pas de trouver ça triste et de le dire… Si l’école n’est pas une question de murs et qu’elle peut se faire partout, les souvenirs et les sentiments qui s’y rattachent ne se transportent pas.
En illustration, la photo de ma classe de CP, à Jean Macé en 1969 avec M. Marliac… Je dis la date parce qu’en la regardant, en Noir et Blanc comme ça, avec la bande de loupiots qu’on était, nos blouses et nos tabliers, on la croirait d’avant la dernière guerre !
Et si vous avez des photos de classe à partager, envoyez-les moi sur ce mail, on en fera une rubrique sur le site
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