Cycles Grellet, 15 avenue de la République

Passionné de cyclisme, mon grand-père paternel parcourait les routes de Creuse les dimanches, avec le club local et la semaine, il réparait et vendait des cycles. Il tenait un petit atelier au 15 de l’avenue de la République avec un associé qui, je crois, s’appelait Monsieur Grellet.

Dans tout ce matériel, quel vélo est à vendre ?… Lequel est en réparation ?… En tous cas, les deux associés prennent le temps pour la pose. Sur le pas de porte, un client ?… Un champion peut-être, membre de l’équipe cycliste aubussonnaise ?… Même le voisin, Monsieur Bayle, le bourrelier, ainsi que madame et le petit sont de la partie !…
Quant au poste à essence mobile, il est génial. Peut-être pas très écologique, mais pour 3,05 francs, le carburant livré directement du tonneau au réservoir…
De nos jours, en ce même lieu, il est encore question de sport, puisque c’est le nom de l’enseigne qui occupe les locaux : « Le Sport-Bar ».

Malheureusement, la guerre mit fin à ce commerce. Dés les premiers mois de celle-ci, tout le stock de vélos et autres deux roues fut réquisitionné par l’armée. Mon grand-père, lui, fut requis pour aller travailler à l’usine Sagem à Montluçon, laissant ma grand-mère seule avec leurs quatre enfants. Elle le rejoignit plus tard.

Bien évidemment, rien de comparable avec la douleur qu’ont pu éprouver tous ceux, beaucoup trop nombreux, qui ont perdu, qui un parent, qui un ami, mais ce déracinement fut assurément une déchirure, une rupture.
Parmi tous, mon père, qui n’avait pas encore huit ans, a vécu cela avec grande amertume. Voilà comment la famille, de creusoise, est devenue montluçonnaise. Comme quoi, si l’on naît d’un pays, on est souvent d’un autre, et quand l’un s’impose à vous, la vie vous inflige l’autre…

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