Histoire de L’ECOLE NATIONALE D’ARTS DECORATIFS D’AUBUSSON

Le texte d’aujourd’hui est tiré d’un document chargé de présenter L’ECOLE NATIONALE D’ARTS DECORATIFS D’AUBUSSON dans les années 60-70. Il en fait un rapide historique.

L’ECOLE NATIONALE D’ARTS DECORATIFS D’AUBUSSON

Dès 1664, les chefs d’ateliers d’Aubusson avaient réclamé à COLBERT notamment l’envoi d’un peintre chargé de fournir des modèles nouveaux et un habile teinturier qui enseignerait les secrets de son art.

Il fallut attendre 1731, sous le règne de Louis XV, pour que le Conseiller d’Etat, Louis FAGON, qui s’intéressait vivement au sort des ouvriers de la province obtint l’envoi d’un peintre du roy Jean Joseph du MONS etdu teinturier FIZAMEU.

Du MONS était astreint à présenter chaque année les « patrons » d’une tenture de 18 à 20 aunes de cours et un modèle de bordure, ainsi qu’à séjourner à Aubusson tous les 2 ans pour diriger les chefs d’ateliers et leurs ouvriers, et aussi pour enseigner le dessin à ces derniers ainsi qu’aux apprentis.

Un enseignement artistique embryonnaire avait vu le jour.

Par ordonnance du 18 janvier 1742, sur la proposition de l’Intendant de la Généralité de MOULINS, 2 écoles de dessin, de 12 élèves chacune, furent établiesà Aubusson où professèrent, sous la direction du peintre du roy, des artistes locaux : Gilbert FINET, François ROBY, Pierre de la SEIGLIERE…

On peut voir dans ces écoles de dessin de 1731 et de 1742, les premières tentatives d’un enseignement artistique, et l’origine lointaine de l’Ecole Nationale d’Arts Décoratifs.

La population locale avait donc tout lieu d’être satisfaite.

Las ! dans un rapport du 20 Brumaire an III (l804) du Sous-Préfet d’Aubusson, on lit notamment « il n’y a plus ni inspecteur, ni garde juré, ni assortisseur, ni teinturier, ni peintre salarié par le gouvernement, ni école de dessin. Ces objets sont pourtant d’importance majeure. Il serait digne des grandes-vues libérales du Gouvernement de rétablir un inspecteur, des gardes jurés, des écoles de dessin etde salarier un peintre pour la fourniture de travaux de goût… »

L’école de dessin supprimée sous le Révolution, ne fut rétablie qu’en 1869, sous la forme d’une école municipale de dessin industriel de 10 élèves.

Par convention du 20 mai 1884 passée entre la Municipalité d’Aubusson et l’Etat (ministère de l’instruction publique et des Beaux Arts) et par décret du 31 mai 1884,L’Ecole municipale des Arts Appliqués à la Tapisserie d’Aubusson fut transformée en établissement national qui prit le titre d’ECOLE NATIONALE D’ART DÉCORATIF.

Le décret portant organisation de l’Ecole Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson date du 30 octobre 1884.
Le rôle de l’Ecole Nationale d’Art Décoratif fut intimement lié a l’Histoire de la tapisserie marchoise, en particulier, et à celle de la tapisserie française en général.
On peut affirmer que ce sont des Aubussonnais : Antoine JORRAND notamment, puis les directeurs de l’E.N.A.D. : A.M. MARTIN et Elie MAINGONNAT qui ont été à l’origine du mouvement de rénovation de la tapisserie, c’est à dire au retour au tissage à tons limités, aux battages, et aux passages de tons d’après des modèles expressément conçus pour la tapisserie à gros point, sans tomber dans les excès du fac-similé de la peinture de chevalet.

En 1922, M. MARTIN publia « De la tapisserie de haute et de basse lisse » développant les conditions pour réaliser un carton de tapisserie, des principes de tissage et les efforts de l’E.N.A.D. pour remettre en honneur les techniques se rapprochant autant que possible de celles des XIVè et XVè siècles.

L’école remporta des succès flatteurs en 1925, à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes de Paris, en 1928, à l’Exposition internationale de Barcelone, en 1930, à l’Exposition internationale de Liège…..

Pour beaucoup, l’E.N.A.D. apparaissait déjà comme un centre national de recherches sur la tapisserie qui joua son rôle lorsque Lurçat vint à Aubusson, avant la seconde guerre mondiale, et que celui-ci, par son dynamisme indéniable et l’aide qu’il reçut de l’Etat, fut le promoteur de la remise au goût du jour de l’Art et de l’industrie de la lisse.

En 1950, l’Atelier-Ecole de tapisserie, relevant du Mobilier national, créé en 1946, à des fins d’apprentissage, fut fusionné avec l’E.N.A.D; qui dispensait ainsi à la fois un enseignement technique et artistique complet.

Mais les bâtiments dans lesquels l’Ecole était installée étaient bien exigus et délabrés. Leur entretien par la ville devenait par trop onéreux.

Dès 1961,la municipalité d’Aubusson envisagea la cession gratuite à l’Etat des terrains nécessaires si ce dernier prenait à son compte la construction de nouveaux bâtiments.

Une première tranche de travaux qui comportait le bâtiment de l’externat fut achevée fin 1968 et l’Ecole, provisoirement installée dans des baraquements dans l’Ile de Juillet, prit possession des locaux neufs en janvier 1969.

Bâtiment de 5 niveaux, à l’architecture moderne, aux larges surfaces vitrées, dont les façades extérieures sont ornées de fresques signées de PRASSINOS et de SINGIER, comprenant de belles salles d’exposition, des ateliers, de tissage et de dessin très agréables, ainsi qu’un magnifique amphithéâtre auditorium, l’externat est devenu un des pôles d’attraction touristique et d’animation culturelle du département de la Creuse.

Trois sections d’enseignement fonctionnement actuellement :

– la section « élèves lissiers » ouverte aux jeunes français âgés de 16 ans au moins admis au concours d’entrée, et dont le programme d’études s’étale sur 3 ans en comportant un enseignement à la fois technique (tissage de basse lisse) et artistique. « .- la section « stagiaires » recevant pour des stages de jeunes artistes français ou étrangers désireux de s’initier à la composition murale axée sur la tapisserie. Il est évident que ces stages n’ont pas pour but d’apprendre à tisser, mais il n’est pas exclu d’envisager cette formation à condition que les candidats y consacrent le temps jugé nécessaire par les professeurs, c’est à dire plus d’un an.

– la section « cours de dessin des écoles de la ville et des cours du mercredi »

L’E.N.A.D. est en pleine mutation. Le ministère des Affaires culturelles, ministère de tutelle étudie actuellement un programme de restructuration projetant de diversifier l’enseignement y pratiqué, en tenant compte néanmoins de sa spécificité.

Une deuxième tranche de travaux inscrite au VIéme Plan et concernant le bâtiment de l’internat mixte permettra d’accueillir un maximum de 90 jeunes gens, ce qui, en rassurant les parents sur les conditions d’hébergement de leurs jeunes enfants, favorisera le recrutement quantitatif tout en facilitant le logement des stagiaires adultes.
Ce complexe immobilier achevé et agrémenté de jardins et de pelouses constituera à coup sûr le fleuron de la ville. Son édification aura été longue et laborieuse, mais la devise d’Aubusson n’est-elle pas : « INTER SPINAS FLORET » ?

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