Un des articles d’ENTRE LES EPINES pose la question de l’iconographie du Château d’Aubusson, puisque, sans image valide, nous ne pouvons faire que des suppositions sur son aspect avant démolition. Voici le texte de l’article incluant les liens du blog.
Je pense que toute personne qui foule l’esplanade du Chapitre se pose au moins une fois cette question : A quoi ressemblait le Château qui s’élevait là ?
Il est pourtant étonnamment difficile de le dire puisque l’iconographie qui se rapporte à ce monument est entachée de doutes comme nous allons le voir.
En 1936, Henri Hugon, érudit local, fait le point sur les connaissances acquises par les diverses images de notre château. Il en recense six.
1 . Une gravure en taille douce illustrant « le guide pittoresque du voyageur en France » édité par Firmin Didot en 1836.
2 . Une gravure en taille douce de Couché et Duron fils illustrant «la France Pittoresque », géographie d’Abel Hugo chez Deroye en 1835
3 . Une lithographie de Langlade vers 1835, graveur à Aubusson, citée par Pérathon dans son « Histoire d’Aubusson ».
4 . Une lithographie signée Yves et Barret, illustrant l’«Histoire d’Aubusson » de Pérathon.
5 . Une lithographie illustrant « l’Album Monumental de l’ancienne province de la Marche» de J.B. Tripon, Limoges 1838.
Depuis, un certain nombre d’autres images ont été éditées, notamment en cartes postales par Issertine ou Ségeron
L’ensemble de ces images est considéré comme copié les unes sur les autres avec plus ou moins de bonheur et subissant l’influence souvent romantique de l’époque à laquelle elles ont été dessinées, en particulier dans l’ajout plus ou moins exponentiel de tours.
Reste un dessin : En 1936, en suivant quelques pistes personnelles, Henri Hugon retrouve, au département des estampes de la Bibliothèque Nationale, un dessin à l’encre, rehaussé de lavis et teinté de rouge pour les toits de dimensions exceptionnelles (850 sur 420 mm), avec les inscriptions suivantes : « Château d’Aubusson en Limosin que Louis XIII fit démolir en 1635 – Le Donjon – Creux dit Boulevard du Château – Église non démolie il y a des chanoines – F. de la Pointe Fecit. »
Cette image, faisant partie de la bibliothèque royale, est pour Hugon le modèle de toutes les autres images connues.
Mais la question de l’original digne de foi et de la réalité du dessin s’impose : Elle est pourtant vite balayée par les inscriptions sur le dessin. En effet, c’est seulement en 1674 que les chanoines de Moutier-Rozeille furent installés à Notre-Dame du Mont ; il est donc évident que le dessin est postérieur à la démolition du Château. Grâce à quelques recherches concernant le peintre, De la Pointe, pour lequel nous n’avons que peu d’informations, un détail nous a quand même frappé : Un grand nombre de ses dessins répertoriés portent la mention «dessigné sur les lieux» (Château de Rethel, Le Château de Trepigni, Bezançon …), ce qui n’est pas le cas pour celui d’Aubusson qui porte juste le mot « Fecit » (de la Pointe le fit).
Par cela, le peintre signale lui-même qu’il n’était pas devant le château, comme pourrait en attester aussi le manque de végétation : le peintre s’est focalisé sur la représentation du Château que l’on a dû lui décrire et a travaillé à partir de sa connaissance de l’architecture militaire de l’époque (voir la grande ressemblance avec un de ses dessins à vue : celui de Rethel) en se permettant même quelques incohérences (l’attache du clocher de Notre-Dame du Mont) qu’il n’aurait pas fait, en grand spécialiste qu’il était, s’il avait été sur les lieux.
Reste que, faute de la découverte d’une représentation plus ancienne, c’est aujourd’hui encore le dessin le plus approchant de la réalité.
Le blog a aussi ajouté à ces pistes historiques une peinture éditée en carte postale de M. A. Carret (voir ici) et un dessin de Raymon Novion, ancien professeur de l’ENAD
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