Jean-François Guyès

Voici un aubussonnais célèbre dans l’histoire et assez méconnu de ses concitoyens et qui sauf erreur de ma part (ce qui est fort probable) n’a pas de rue à son nom dans sa ville natale. Même Pérathon historien de la ville dans son histoire d’Aubusson le cite à peine. Maurice FAVONE, autre historien de la Marche, a réparé cet oubli et lui a consacré le petit fascicule présenté ici et publié en 1938.

Jean-François Guyès est né le 25 octobre 1761 à Aubusson (Creuse), fils unique de Claude-Jean GUYES, avocat en parlement, Conseiller du roi, Président des Gabelles pour Aubusson, Ahun et Chénérailles et de Marie Anne Truffy du Méniau. Il est devenu avocat à Aubusson, puis notaire le 6 décembre 1786 en rachetant la charge de Gilbert Parinet (jusqu’au 9 octobre 1791). Il reprit les charges de son père à la mort de celui-ci le 31 janvier 1787. Il était aussi Franc-maçon membre de la loge aubussonnaise « La Parfaite Union ».

La Révolution, va lui donner les moyens de se réaliser, il est électeur du tiers-état et vota à Guéret le 24 mars 1789 aux élections de l’Assemblée Constituante, il s’y trouva l’année suivante le 20 mai 1790 en tant qu’électeur du district d’Aubusson.

Le 24 mai 1790, à Guéret, il est nommé Administrateur du Directoire du district d’Aubusson, il en est ensuite élu président.Toujours en 1790, il fonda une « Société des Amis de la Constitution » dont le président était l’abbé Tasté et le secrétaire Jean Conchon qui s’illustrèrent tous deux comme Jacobins, plus tard Joseph Jouilleton, auteur de l’histoire de la Marche en prit la présidence. Cette société absorba tous les membres de la loge « La parfaite Union ». Le 19 juin 1791, elle s’affilia à la société des Jacobins.

Il est devenu Député de la Creuse (le 5ème sur 7) à l’Assemblée Législative à Guéret le 3 septembre 1791 par 165 voix contre 324 (soit 51%). Siégeant parmi les patriotes, il ne fait aucune intervention à la tribune, sa santé fragile, il est souvent malade, lui interdit tout effort fatiguant et prolongé. Il se lie d’amitié avec le député creusois Marc-Antoine Huguet, évêque de la Creuse, qui va l’emmener à s’intéresser à la classe ouvrière.JF Guyès vote avec la gauche et les plus ardents. Il vote pour le décret d’accusation de Lafayette avec Huguet, contrairement aux autres députés creusois. Ce vote le fera définitivement accepté par les Jacobins. Huguet et Guyès seront les seuls candidats désignés par les Jacobins aux élections conventionnelles pour la Creuse.

Il sera élu le 5 septembre 1792 à la Convention Nationale, député de la Creuse, le 4ème sur 7 « à la pluralité des voix ». Il siège alors avec la Montagne. Il soutiendra toujours par ses votes le chef du parti Montagnard : Robespierre.

En ce début d’année 1793, voit se terminer le procès du roi Louis XVI, voici les questions posées aux Conventionnels et les réponses de JF GUYES :
– « Louis Capet, ci-devant roi des français, est il coupable de conspiration contre la Liberté publique et d’attentats contre la sûreté générale de l’Etat ? ». JF GUYES répondit oui
– « Le jugement de la Convention Nationale contre Louis Capet sera-t-il soumis à la ratification du peuple ». JF GUYES répondit : oui
– « Quelle peine Louis, ci-devant roi des Français a-t-il encourue ? » JF GUYES répondit : « Je vote pour la mort sans restriction »
– « Sera-t-il sursis à l’exécution de Louis Capet » JF GUYES répondit : « non »

Le second procès d’importance, auquel participa Guyès fut celui de Jean-Paul Marat, fondateur de « L’Ami du Peuple », à la question : « Y a t ‘il lieu à accusation contre Marat, membre de la Convention Nationale ? » JF GUYES répondit : non. Les historiens (tel Lavisse) estiment que ce vote distingue les Montagnards, Marat fut décrété d’accusation le 13 avril 1793 par 220 voix contre 97 sur 367 votants, il y eut 7 voix pour l’ajournement et 48 récusations. Il gagna cependant son procès le 24 avril 1793, mais fut assassiné le 12 juillet par Charlotte Corday. Guyés assista à ses obsèques en compagnie de Huguet. Guyès vota la constitution de 1793 qui ne fut jamais appliquée.

En février 1793, peu après le procès de Louis XVI, il revint à Aubusson où il resta 5 semaines pour se reposer et gérer des affaires personnelles. A son retour, il entra dans plusieurs comités de la Convention avec l’aide du parti Montagnard, il fut notamment membre du comité de division le 18 juillet 1793 recommandé par le comité de Salut Public, ce comité s’occupait de la division du territoire de la République. Il fut également membre du comité des Secours Publics, comité chargé de proposer le mode de répartition générale des secours pour les pauvres, et aussi des comités de Pensions et des Décrets.

Sa carrière politique sera de courte durée, son état de santé s’aggrava malgré les soins de son collègue le docteur Baraillon. Il du s’aliter. Devant la gravité de son état Baraillon informa la Convention et demanda un congé de 6 semaines pour son collègue, mais ce dernier s’éteint le 23 novembre 1793 (3 Frimaire An II) à Paris au 73 de la rue Saint Honoré. Ses amis Jacobins aubussonnais avaient dépêchés sur place deux des leurs, les citoyens Paul Barraband et Joseph Prugniet qui étaient aussi venu offrir à la Convention l’argenterie qui avait été recueillie dans les églises de la région d’Aubusson.

Il sera remplacé par Amable Faure-Conac (né le 5 avril 1755 à Vidaillat, mort le 14 février 1819 à Chénérailles) « Chef de direction des armées navales à Pontarion » dans la marine française et administrateur de la Creuse, qui avait été élu le 7 septembre 1792, à la pluralité des voix, premier député suppléant du département à la Convention nationale. Il prend la place de JF GUYES le 12 Nivôse An II (et non le 25 frimaire an II comme souvent écrit à tort) soit le 1er janvier 1794 sur les bancs de l’assemblée, où il s’occupe exclusivement de questions maritimes.

Bibliographie
• Maurice Favone, Un montagnard aubussonnais; le conventionnel Jean François Guyès, 1761-1793, imprimerie Betaulle, J. Lecante, 1938, 54 pages
• Adolphe Robert, Julien Le Chaplain, Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l’Empire, Librairie historique de la Révolution et de l’Empire, 1899, p. 130
• Dictionnaire des députés français de 1789 à 1889, p. 291 à 300

Sites internet
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/1789-1889/Tome_3/GUIZOL_GUYOT.pdf
http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=13022
http://specto.chez.com/pershistoriques/deputescreuseconvention.htm

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