Lucien Delmas, mort pour la France le 12 décembre 1917

Racontons aujourd’hui une des pires catastrophes de la première guerre mondiale dans laquelle un aubussonnais a perdu la vie :

À la suite de la défaite de l’armée italienne en 1917, un corps expéditionnaire franco-britannique de 120 000 hommes est envoyé dans le nord-est de l’Italie pour renforcer le front italien. Un mois plus tard et une fois la situation stabilisée, le général Fayolle, commandant des troupes françaises en Italie, accorde des permissions à ses soldats qui avaient déjà combattu auparavant sur le front de l’est de la France.

À la fin du mois de , la Direction des transports militaires aux armées établit un plan de transport ferroviaire pour acheminer le nombre important de soldats permissionnaires depuis l’Italie jusqu’à Lyon et Chagny en France. Le plan prévoit la mise en place d’un train journalier pour transporter 600 soldats vers la France durant une période initiale de six jours. Le premier de ces trains quitte l’Italie le à 18 h, arrive à Modane le lendemain à 16 h et poursuit son trajet en France. Ce dispositif est renouvelé pour une nouvelle période de six jours, le nombre de soldats transportés est même doublé pour les trains quittant l’Italie les 11 et 12 décembre.

Le train qui quitte la ville italienne de Bassano del Grappa le emporte 1 200 permissionnaires français et comporte dix-sept voitures. Il arrive au milieu de l’après midi du à Turin et prend la direction du tunnel du Mont-Cenis. Compte tenu de son tonnage (530 tonnes) dû à sa longueur et à sa composition, le train est divisé en deux au départ de la gare de Bardonèche car il ne pouvait pas gravir les pentes qui mènent au tunnel. Les deux rames ainsi constituées gagnent séparément la gare de Modane dans la nuit où elles sont ré-assemblées pour constituer le train PLM ML 3874 À 22 h 47, le train de permissionnaires quitte Modane en direction de Chambéry.

Il déraille quelques minutes plus tard à 14 km en aval de Modane avant son passage à Saint-Michel-de-Maurienne au lieu-dit La Saussaz.

Le véritable nombre de victimes ne pourra jamais être définitivement arrêté, le train arrivant d’Italie ayant en effet effectué de nombreux arrêts avant Modane, durant lesquels des militaires en profitaient pour le quitter ou pour le rejoindre, empêchant de connaître le nombre exact de passagers à son bord au moment de l’accident mais plus de 424 corps furent retirés et officiellement identifiés ; 135 autres corps ne purent l’être ; 37 corps furent également retrouvés le long du ballast et aux abords de la voie, entre La Praz et le pont de fer, des soldats ayant sauté du train alors incontrôlable ou expulsés par les soubresauts. Seuls 183 hommes présents dans le train auraient répondu à l’appel le 13 décembre au matin.

Cet accident, la plus grande catastrophe ferroviaire survenue en France, est resté classé « secret militaire » pendant de nombreuses années après la fin de la guerre.

Au nombre des victimes, on compte un aubussonnais, Lucien DELMAS, né le 20 février 1879, un soldat relativement âgé puisqu’il avait 38 ans au moment de l’accident. Incorporé au premier régiment d’artillerie de campagne, il était camionneur dans le civil. Il habitait 49 rue Vieille, était marié avec une ouvrière en tapisserie et avait une fille de 12 ans au moment de sa mort, qui, on l’imagine, attendait son père pour Noël …

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Lucien faisait 1 m 66, il était châtain. En 1899, sa classe, il a d’abord été classé service auxiliaire pour « chevauchement des orteils », passé dans la réserve en 1903, maintenu service auxiliaire en Décembre 1914 et appelé à l’active le 8 septembre 1915 comme beaucoup de gars que l’on avait d’abord écarté de la guerre

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Comme on peut le lire sur son registre matricule, il est en fait « présumé décédé » car de nombreux corps n’ont pas été retrouvé dans l’accident.

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Un monument existe à St Michel de Maurienne, inauguré en 1923. En 1961, les restes des victimes ont été exhumés et transférés au cimetière militaire national de Lyon-La Doua. Lucien DELMAS, originellement inhumé en fosse commune, n’est pas sur le monument aux morts d’Aubusson, sûrement à cause du secret militaire imposé sur cet accident. Il y a bien un Delmas mais c’est Pierre dont nous reparlerons.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_ferroviaire_de_Saint-Michel-de-Maurienne

Article paru dans la revue Historia n° 311 d’octobre 1972

http://www.migrants-limousin.fr/pdf/af_smmm_1917_36.pdf

& Recherches personnelles Jean-Noël Saintrapt (registres matricules, dénombrement 1911 & forums internet.)

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