
Les noms de rues et places d’Aubusson ne sont pas un hasard, elles reflètent un passé parfois glorieux. Pourtant une place est souvent synonyme d’incompréhension : La place d’Espagne. D’abord nommée Place de Bat, elle est rebaptisée place d’Espagne en 1812. Cela n’a rien à voir avec le pays mais avec un fameux général, Jean-Louis Brigitte Espagne, général français de la Révolution et de l’Empire
Si l’on en juge sa page Wikipédia, il serait né le 16 février 1769 à Auch en Gascogne et mort le 21 mai 1809 à Lobau en Autriche. Pourtant, comme parfois, quelques recherches locales réservent des surprises : On trouve, aux archives d’Etat civil de la Creuse, la trace de la naissance d’un certain Jean Louis Brigite Espagne, mais le 24 Thermidor an Douze (13 Juillet 1804) et à Aubusson.
Le général Espagne dans son uniforme de cuirassier à la bataille d'Heilsberg en 1807 (peinture d'Édouard Detaille, 1892)
Les Guerres de la Révolution
Espagne s’engage à 18 ans le 6 juillet 1787 dans le régiment des dragons de la Reine en garnison à Verdun. C’est à cette époque qu’il se lie d’amitié avec le futur général Alexandre Dumas dont il est le témoin de mariage à Villers-Cotterêts en 1792 ainsi qu’avec le dragon Louis Chrétien Carrière Beaumont et l’adjudant Joseph Piston.
On raconte que l’histoire et la prestance de ces quatre dragons de la Reine, qui tous sont devenus généraux, et dont les noms de trois d’entre eux sont inscrits sur l’arc de triomphe à Paris, c’est ce qui a inspiré Alexandre Dumas, le célèbre fils du Général Dumas, pour son roman Les Trois Mousquetaires.
Espagne est nommé capitaine le 2 septembre 1792 aux hussards dits les Défenseurs de la liberté et de l’égalité, depuis 6e régiment. Lieutenant-colonel le 30 novembre et adjudant-général le 23 septembre 1793, il acquiert ces différents grades aux armées de Champagne et du Nord, sous les généraux Luckner, Rochambeau, Dumouriez, et à celle des Pyrénées-Orientales sous La Bourdonnaye.
C’est à l’armée de Sambre-et-Meuse que, nommé chef de brigade le 26 frimaire an V, il prend le commandement du 8e régiment de cavalerie (cuirassiers). Il fait avec ce régiment, à l’armée de Mayence, sous Jacques Maurice Hatry, la campagne de l’an VI et celle de l’Allemagne sous Augereau, et partie de celle de l’an VIII à l’armée du Danube que commande Jourdan
Le Directoire l’ayant nommé le 22 messidor (10 juillet 1799) général de brigade, et l’ayant envoyé servir sous les ordres du général Muller à l’armée d’observation, sa présence à cette armée est de courte durée.
Le 7 thermidor de la même année, il rejoint l’armée du Rhin, où d’abord sous Lacombe et ensuite sous Moreau, il se distingue le 10 floréal an VIII, à la bataille de Moeskirch ; le 30 prairial, à celle d’Höchstädt, et le 8 messidor au combat de Neubourg. Chargé à cette dernière affaire d’attaquer l’ennemi sur les hauteurs d’Untershausen, il s’avance sur ce plateau avec les 1er et 3e bataillons de la 84e demi-brigade ; après quelques efforts, la redoute est enlevée, mais d’Espagne, blessé au bras, doit quitter le champ de bataille.
L’année suivante, il combat le 12 frimaire, à Hohenlinden. Mis en non-activité le 1er vendémiaire an X, il a le 6 brumaire suivant, un commandement dans la 21e division militaire, et il en est encore investi lorsqu’il est nommé les 17 frimaire et 25 prairial an XII, membre et commandeur de la Légion d’honneur. Promu au grade de général de division le 12 pluviôse an XIII (1er février 1805), il va à l’armée d’Italie prendre le commandement de la cavalerie légère sous le maréchal Masséna avec laquelle il combat notamment à Caldiero. Le 12 brumaire an XIV, en poursuivant l’ennemi sur le chemin de Lonujo, il fait 600 prisonniers et parvient à gagner Leybach dans les derniers jours du mois.
Général de l’Empire
Passé en 1806 à l’armée de Naples, il a pour mission de réprimer les insurgés calabrais, commandés par Fra Diavolo, le plus déterminé et le plus féroce des galériens que Sidney Smith, repoussé de l’île de Procida, a débarqué sur le territoire napolitain, pour venger sa défaite par le meurtre, le pillage et l’incendie.
Quelque temps après, rappelé à la Grande Armée, Espagne y reçoit le 22 novembre 1806 le commandement de la 3e division de cuirassiers, avec laquelle il est grièvement blessé le 10 juin 1807 à la bataille d’Heilsberg. L’Empereur saisit cette occasion pour récompenser ses services en le faisant, le 11 juillet, grand officier de la Légion d’honneur, puis comte de l’Empire en 1808. C’est en opérant une charge au cours de la bataille d’Essling, qui se déroule du 20 au 22 mai 1809, qu’Espagne est frappé par un boulet. Porté dans l’île Lobau, il y meurt le soir du 21 mai des suites de sa blessure. Sa statue équestre, que l’Empereur, par décret du 1er janvier 1810, destine à décorer le pont de la Concorde, est transportée en 1816 à l’hôtel des Invalides.
Sa mort est racontée de manière romancée par Patrick Rambaud dans son roman La Bataille.
Décorations, titres, honneurs
- Nom gravé sous l’arc de triomphe de l’Étoile : pilier Est, 15e et 16e colonnes.
- Comte d’Empire en avril 1808, et lettre patente du 26 avril 1810
- Chevalier de la Légion d’Honneur (LH) le 11 décembre 1803 (Il porte serment à Limoges, Haute-Vienne, le 29 décembre 1803)
- Commandeur de la Légion d’honneur le 14 juin 1804 ;
- Grand officier de la Légion d’honneur le 11 juillet 1807 ;
- Décoré de l’Ordre des Deux-Siciles en 1808
- Comte de l’Empire en avril 1808.
Regards sur le Général Espagne par ces concitoyens
Le général Nansouty :
« Un colosse au visage taillé à la serpe, encadré de magnifiques favoris noirs » A Heilsberg, il ne reçoit pas moins de 7 coups de lance. Lors d’une de ses fantastiques charges à Essling, il a la pointe de son chapeau emporté par un boulet: impassible, il le retourne et place la pointe intacte en avant… «
Le Général Berthezène :
» Le Général Espagne que l’opinion publique rangeait parmi nos meilleurs officiers de cavalerie… «
Le Général Ameil :
» Le Général Espagne passait pour un officier de détail, à surveillance parfaite envers l’inférieur du corps, y maintenant la discipline. L’état dans lequel il amena la division d’Italie en Pologne lui avait fait beaucoup d’honneur. Il était d’une bravoure froide, mais malheureux à la guerre, ce qui donnait de la répugnance à être employé avec lui. C’était un philosophe sous la cuirasse, il aimait la patrie et la liberté, sa tête était pleine d’idées fortes et généreuses… «
Le Maréchal Masséna :
» …mais bientôt écrasés par des forces supérieures, ils sont ramenés après des prodiges de valeur et le général Espagne, honneur de l’Armée, tombe percé de coups avec trois de ses colonels… «
Le Général Pelleport :
« Le général Espagne, excellent officier de cavalerie, resta sur le champ de bataille : il fut vivement regretté de l’Armée. Le Comte Espagne était l’un de nos bons officiers généraux de cavalerie… »
«Il fut inhumé dans un îlot de la rive gauche du Danube qui garda longtemps sur les cartes autrichiennes le nom d’Espagne que lui donna l’Empereur : des peupliers ombrageaient le tombeau fait pas les soldats avec des cailloux du fleuve. »
Actes de naissance de Louis Brigitte Espagne et ses enfants nés à Aubusson

Sa statue à Auch
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Sources : Wikipédia et recherches personnelles
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