De bonnes raisons de détruire…

On a fait ici le constat du peu de conservation du patrimoine de la ville. Ces choix avaient divers déclencheurs : à certaines époques, il a existé de bonnes raisons de détruire ou cacher certains détails architecturaux…
Il y a quelques années, en nettoyant mon jardin, j’ai trouvé une trés belle pierre sculpté en granit de par ici. Sans analyse poussée, je l’ai vite reconnue comme un morceau de Meneau, ces pierres qui séparaient les fenêtres renaissance en quatre.

A l’époque, je n’ai pas cherché plus loin, ma maison n’est pas vraiment renaissance et cette pierre devait avoir été jetée là par hasard.
Il y a pourtant derrière cette pierre une raison fondamentale de destruction : l’Impôt sur les Portes et les fenêtres :
Cet impôt fut institué par le Directoire, pendant la Révolution française, le 4 frimaire an VII (24 novembre 1798). Son assiette était établie sur le nombre et la taille des portes et fenêtres. Il ne touchait ainsi que les propriétaires, et introduisait une sorte de progressivité, les plus aisés payant également plus d’impôts. Sa création fut accompagnée de celle d’un autre impôt du même type, l’impôt sur les parcs et jardins.

Il ne touchait pas les ouvertures des bâtiments à vocation agricole, ni les ouvertures destinées à aérer les caves (soupiraux) ou pratiquées dans les toits (lucarnes, vasistas). Les bâtiments publics n’étaient pas imposés non plus. Cet impôt conduisit à la condamnation de nombreuses ouvertures, et il fut accusé de pousser à la construction de logements insalubres, avec de très petites ouvertures, donc sombres et mal aérés.

Pour ce qui concerne les meneaux Renaissance, ils avaient la particularité de compter pour 4 fenêtres, étant chacune entourées de pierres.
Ces meneaux étaient souvent l’apanage des châteaux et des villes Renaissance et, quand les propriétaires étaient aisés, cela ne changeait rien.

Pour une ville comme Aubusson, où certains se trouvaient avec de telles fenêtres sur leur maison sans en avoir les moyens, plutôt que faire face à ce nouvel impôt, les meneaux furent sûrement détruits, comme ce morceau trouvé dans mon jardin.

La suppression de cet impôt n’est arrivée qu’en 1926 et il a sûrement influé sur l’architecture d’Aubusson au-delà de ce que l’on a jusqu’ici même pas imaginé. En effet, je pense qu’il explique une autre des caractéristiques d’Aubusson, décidée à cause de cet impôt : la multitude des ateliers de tapisseries installées en greniers et dont la lumière venait de vasistas, lucarnes, verrières sur les toits… non soumises à cet impôt.

Peut-être qu’un (ou une) architecte de passage pourrait confirmer ou infirmer l’hypothèse de cette influence ?

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