Jean Lurçat est décédé il y a 50 ans , le 6 janvier 1966. Sous forme d’hommage, je vous passe les planches contact de photographies de Robert Doisneau. Le célèbre photographe a immortalisé Lurçat dans son atelier à Aubusson en train de peindre et de regarder ses tapisseries. L’atelier Doisneau conserve copie de cette belle série de clichés.
On aperçoit également les ouvrières tisser la tapisserie selon les indications de Lurçat. Elles tissent « la Naissance de Lansquenet », tapisseries exécutée en 1946, (2,25 x 2,80 m) et exposée au Musée d’Art Moderne de Paris. Le Lansquenet est un mot d’origine allemande qui au XVIème signifiait mercenaire.
Laissons parler Lurçat de cette époque : « L’armistice nous a atteints là-bas à Aubusson. Je me souviens, nous étions, Gromaire et moi dans un état moral assez piteux. Nous sortions d’une rude épreuve, mais dès le lendemain ou le surlendemain, j’ai demandé à Gromaire, à Guillaume et à une paire de chefs d’atelier de venir à la maison et je leur ai dit : Très bien, il se clôt un chapitre, il va s’en ouvrir un autre. Eh bien ! il faut tout de suite que nous prenions nos dispositions et que nous marquions le coup. Nous devons étudier dès maintenant les conditions dans lesquelles nous allons travailler en commun pour refaire la tapisserie française… Et puis, nous allons voir aussi comment nous pouvons concourir au relèvement du pays, parce que la défaite, moi, je n’y crois pas. »
Dans les ateliers Tabard et Goubely, Lurçat surveille l’exécution de ses cartons, en collaboration étroite avec les ouvriers et chefs d’atelier, tout en affrontant les rigueurs de l’hiver creusois.
« Nous gelions dans nos ateliers ; Gromaire sous les toits, chez Goubely, sans recul pour ses grandes pièces ; Dubreuil d’un côté et moi de l’autre, chez Tabard, dans de vastes halles où, plus d’un matins, nous trouvâmes nos couleurs gelées. »
En 1944, la galerie parisienne Carré expose une vingtaine de tapisseries contemporaines cependant que Lurçat rejoint le maquis le 7 juin 1944, apprenant peu après la mort par pendaison de son fils adoptif, Victor. La guerre enfin terminée, l’artiste achète la forteresse des Tours Saint-Laurent à Saint-Céré, atelier idéal pour les grands cartons dont les ateliers aubussonnais réalisent aussitôt la transcription textile, à l’image de la Naissance du Lansquenet (1946, 2,25 x 2,80 m) ou du Conscrit des cent villages (1947, 2,28 x 1,80 m), toutes deux tissées par Tabard.
Avec l’aimable autorisation de © atelier Robert Doisneau. Reproduction interdite. Atelier Robert Doisneau 46 place Jules Ferry 92120 Montrouge – Recherches F. Gravier
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