un Aubusson chez Lesueur (1905)

Longtemps le nom d’Aubusson a été synonyme de tapis ou tapisseries. Dans la littérature, on trouve de nombreuses utilisations de ce nom qui était (et est parfois toujours) synonyme d’intérieur luxueux. J’ai commencé un recensement des Aubusson trouvé dans ce contexte.

Daniel Lesueur est le pseudonyme de Jeanne Loiseau, épouse Henry Lapauze (1860-1921), auteur de nombreux romans et de sonnets philosophiques. Il a été tiré d’un de ses romans un drame joué au théâtre par Sarah Bernhardt en 1905. Dans « Nietzschéenne« , roman paru à compte d’auteur en 1905, puis parus dans la « Petite Illustration », on trouve un Aubusson

« Dans cette pièce ravissante, très peu de meubles mais non moins précieux, non moins anciens que les boiseries, avec leur marqueterie claire et leurs bronzes ciselés. Les sièges étaient d’un aubusson à fond lavande. Le sol, d’un velours gris blanc, sur lequel était jeté un petit tapis de Perse en soie, dont la teinte rougeâtre, fanée par mille ans de prières, offrait, sous de pâles dessins, sa douceur miraculeuse. La cheminée s’ornait d’une mignonne pendule en marbre blanc sur le cadran de laquelle on lisait : Imbert l’aîné, à Paris, accompagnée de deux vases en ancien céladon fleuri de la Chine, avec ses anses, piédouche et collerette en bronze doré, du plus élégant Louis XVI.

Bien que Robert n’eût pas l’esprit particulièrement tourné vers les choses d’art, il possédait trop de sensibilité et de goût pour ne pas être séduit par la discrétion même avec laquelle se composait l’harmonie de ces choses rares et parfaites. Il observa que la beauté des boiseries ne s’alourdissait d’aucun autre ornement. Au milieu des deux plus grands panneaux, on voyait seulement, d’un côté, une sanguine de Fragonard, de l’autre un pastel de Chardin, suspendus par des rubans de soie, vieux bleu comme les rideaux. Et encore, ailleurs, deux petites appliques et un thermomètre du plus exquis travail, appartenant, comme le reste, à cette époque qui sut remplacer les lignes un peu trop contournées du style rocaille par le souple déroulement des rubans et des guirlandes. »

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