Joseph Delavallade, homéopathe précurseur

Personnalité étonnante, ancien maire d’Aubusson en 1848, Joseph Delavallade a déjà fait parler de lui (Voir Dictionnaire bio-bibliographique de Carriat ou Bulletin de la Fondation Dayras pour 1990 par J.Audouze) mais une information sur lui dans un livre sur une médecine particulière est passée inaperçue.

Joseph Delavallade est né à La Vallade, commune de Banize le 19 mars 1792. Il décéde à Aubusson le 10 avril 1880.
Il monte à Paris à quinze ans pour suivre les cours de l’Ecole pratique de médecine, et des hôpitaux civils et militaires, est volontaire pour l’armée en 1809 et prend part aux campagnes de Russie et d’Allemagne (1812-13) comme chirurgien de la Grande Armée.

En 1814, il reprend ses études interrompues et suit, en compagnie du grand anatomiste limousin Jean Cruveilher, les cours « du plus grand et du plus accompli des chirurgiens », c’est-à-dire Dupuytren, en même temps que ceux de Broussais ; c’est à eux qu’il dédie sa thèse de doctorat (1816), l’année même où son ami Cruveilher soutient la sienne sur l’Anatomie pathologique.

Il s’installe alors médecin à Aubusson et, quand le choléra arrive en Europe, il demande au Conseil Général de la Creuse les moyens d’aller observer l’épidemie… Sans succés. Mais, lorsque le mal atteint Paris, il refait le voyage en avril 1832 pour étudier sur place les symptômes de l’épidémie.

S’impliquant partout, à Aubusson, il est Capitaine de la première compagnie de grenadiers de la Garde nationale d’Aubusson, membre du Conseil supérieur de l’Instruction primaire, membre du conseil municipal et du Conseil d’arrondissement pour la ville et le canton d’Aubusson.

Dans les « Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon », Martin Nadaud dira de lui :
« Le docteur Delavallade, vieux chirurgien militaire […] avait une très grande réputation dans la ville d’Aubusson où il était très respecté. » (page 327).et le Curé d’Aubusson de l’époque témoigne : »M. Delavallade, médecin à Aubusson, donnait facilement et sans rétribution aucune des soins aux pauvres, malades ou infirmes. Ma conscience me fait un devoir d’ajouter que quelques fois il leur donnait certains remédes ou de l’argent. »

Pourtant, Conseiller général, il démissionne de cette dernière fonction en 1846, victime d’une accusation calomnieuse (dont on peut lire le détail dans le Bulletin de 1990 de la Fondation Dayras, sous la plume de Jacques Audouze).

Alors que la ville entière est de son côté et que les témoignages de satisfaction pleuvent sur le travail du médecin,il est acquitté par la cour de Riom, à la joie de ses administrés, qui l’élisent conseiller municipal, puis maire en 1848, fonction dont il se démet en juillet.

Elu député à la Législative le 13 mai 1849, il siège avec la Montagne et vote constamment contre la politique du prince-président :
contre les crédits de l’expédition romaine, contre la loi Falloux, contre la restrictions du suffrage universel.

Au lendemain du coup d’Etat, rendu à la vie privée, il revient à Aubusson, où il reprend sa clientèle médicale.

Le détail qui nous intéresse dans cette histoire pourtant bien fournie est que l’on retrouve Joseph Delavallade cité dans un ouvrage de 1934 intitulé « L’ Homéopathie Française de 1844 à 1850 » Par Mr Charles Janot.
Joseph Delavallade est en effet cité comme l’un des instigateurs de la fusion des deux sociétés homépathiques de l’époque post Hahnemannienne. Sans pouvoir dire à quelle époque il s’intéresse à l’Homépathie, ni s’il l’a pratiqué particulièrement à Aubusson, voici l’extrait de ce livre où l’on cite Le Dr DELAVALLADE :

La fusion des deux sociétés

La fusion des deux sociétés homéopathiques se décida au début de 1850, sur l’initiative de deux médecins provinciaux bien connus dans ce temps, Gastier, de Thoissey, et Delavallade, d’Aubusson. Le premier était membre régnicole du groupement de Pétroz. le second de celui de Léon Simon.
Gastier figura parmi les premiers disciples du comte Des Guidi. Dès juin 1832. il inaugura l’application de la nouvelle thérapeutique à l’hôpital civil de Thoissey dont il était médecin. Après une courte interruption due à la malveillance, il garda ce poste pendant seize ans à la grande joie de l’administration de l’hospice.
Celle-ci, en réponse à des calomnies, affirma preuves en mains que la mortalité était bien plus réduite qu’avant, que les frais de pharmacie étaient presque nuls, et que le service devenu plus simple s’était sensiblement allégé. (La Mouche, de Mâcon, du 6 février 1848. Journal de Médecine homéopathique, 1846.)
La popularité du Dr. Gastier dans sa région l’amena à quitter, en 1848, sa clientèle et sa charge à l’hôpital pour représenter sa circonscription à la « Chambre des représentants du Peuple ».
Delavallade, tout excellent médecin hahnemannien qu’il était, connut le triomphe électoral pour d’autres raisons. La justice Louis-Philippienne l’avait accusé d’escroquerie à la circonscription ; condamné injustement à Aubusson, il fut acquitté en appel à Riom.
Ce procès politique, que nous ne détaillerons pas, passionna son pays, et lors de son retour de la cour d’appel, le conseil municipal vota des félicitations, les particuliers allumèrent plus de vingt feux de joie dans la ville, etc.
En conséquence, Delavallade, victime politique, reçut les suffrages d’Aubusson pour aller la représenter à Paris dans le nouveau régime de 1848.
Donc ces deux médecins-députés, en marge de la rénovation politique à laquelle ils collaboraient, crurent accomplir oeuvre utile en réunissant les deux sociétés d’homéopathie. Ils aboutirent tout au plus à une union apparente, extérieure.
Gastier et Delavallade envoyèrent deux lettres identiques, l’une à la Société hahnemannienne de Paris, l’autre à la Société de médecine homéopathique pour inviter tous leurs confrères à célébrer, dans un seul banquet, le 10 avril 1850, l’anniversaire de la naissance de Hahnemann.
Le groupement de Pétroz envoya son adhésion et celui de Simon, dans sa séance du 1er avril, accepta à l’unanimité. Le Dr Gastier put donc ce jour-là adresser à tous son appel à l’union. On écouta avec respect cet homme qui jadis collabora si activement à la vieille  » Société gallicane  » de 1832, et qui écrivit dans les premiers numéros de l’ancienne Bibliothèque homéopathique des travaux intéressants de clinique. Il sut parier juste, et sa proposition fut acceptée en principe.

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Sources :
Dictionnaire bio-bibliographique des auteurs du pays Creusois, Amédée Carriat
Bulletin de la Fondation Dayras pour 1990, article par J.Audouze
« L’ Homéopathie Française de 1844 à 1850 » Par Mr Charles Janot

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