1931 Création de l’ATELIER UNIQUE à Aubusson

En 1931, sur l’initiative de la représentation parlementaire le la Creuse, le Gouvernement décida d’attribuer au maintien de la profession lissière de la Marche un crédit budgétaire qui fut inscrit au chapitre « matériel » de l’Administration du Mobilier National chargée de sa gestion. Cette Administration se proposa de remplir un double objet, à la fois en remplaçant par des sièges neufs les sièges de tapisserie anciens qui périclitaient dans les ministères et en donnant aux praticiens aubussonnais l’occasion de relever les bonnes traditions en faisant du beau travail.

Le Gouvernement alloue un crédit de 500.000 Frs, important pour l’époque.

Au cours de conférences entre la représentation parlementaire et l’Administration, un accord fut établi, aux termes duquel les praticiens devaient être engagés par une Commission tripartite, le travail étant dirigé et surveillé par le Mobilier National.

Les ateliers artisanaux et même patronaux, qui prirent part à cette opération, durent se répartir les matières premières. Il y eut là une cause de pertes inévitables et des frais généraux élevés. C’est alors que la Municipalité, le Préfet et l’Administration du Mobilier National se mirent d’accord pour réduire les frais, en créant un atelier collectif géré par un maître artisan élu et contrôlé par le Mobilier National.

Cet atelier fonctionna dès 1936, sous le nom « d’ATELIER UNIQUE ». Il exécutait les devis des commandes, comme l’avaient fait les ateliers multiples. Il tenait la comptabilité des matières et du matériel. Il assurait le recrutement du Personnel qualifié « chômeur », comme l’avaient fait les ateliers multiples, dans les conditions établies par la Commission tripartite.

La guerre arrêta le fonctionnement de l’Atelier et le dernier compte fut rendu en 1940.

Les crédits ayant été ramenés à 360.000 Frs, l’Administration du Mobilier National, qui s’était rendu compte de l’intérêt offert par le maintien d’un foyer l’art actif à AUBUSSON, s’ingéniait à suppléer à la diminution du crédit par les ressources nouvelles : commandes directes des Ministères, notamment -des Affaires Etrangères pour les Ambassades, et quelques travaux accessoires. Au cours de la guerre, elle appliqua à des commandes de tapisseries, une importante partie de ses crédits réguliers, notamment ceux prévus pour l’entretien des palais. Les entrées en inventaire peuvent être évaluées à plusieurs millions.

Grâce à cette organisation, tout le meuble de la salle des Fêtes de l’Elysée a été exécuté pendant la période 1931-1934. Les modèles ont été répétés pour les différents Ministères et Ambassades, soit à fond gris, soit à fond rouge, au nombre d’environ 200 sujets, canapés, fauteuils et chaises. Tout un ensemble, d’une quarantaine de sujets, a été tissé pour les salons du ministère de la Guerre. Tous les salons du ministère des Affaires Etrangères ont été renouvelés. Nombre d’ambassades ont été entièrement fournies de meubles de qualité, sous la surveillance le l’Administration du Mobilier National.

Des tentures mises en train en 1938-1939 ont été tissées au cours de la guerre : telles sont les pièces à fond de soie d’or exécutées par le maître artisan MARQUET et son équipe, la réplique de l’immense pièce des Enfants Jardiniers qui devait remplacer, au Ministère du Commerce, l’Original du XVIIIème siècle, et un ensemble destiné au Sous-secrétaire d’Etat à l’intérieur.

Toutes ces pièces ont été réalisées avec un véritable succès. Il était très important d’obliger les lissiers d’AUBUSSON à reprendre contact avec le dessin des vieux maîtres, si bien fait pour le métier.