Réponse du Ministre de l’Education à une demande d’aide de la ville d’Aubusson (1938)

Je sais, suite aux derniers articles d’actualité du blog et au vu du titre, certains se seront dit….
Mais non, ce site est bien un site d’histoire de la ville et je prouverais juste aujourd’hui qu’il fut un temps où le ministre de l’Education était à l’écoute de la ville d’Aubusson. Et quel Ministre, puisqu’il s’agit de Jean Zay, attentif à la situation de l’emploi à Aubusson et à l’aide que l’Etat pourrait apporter… Un autre temps !

Monsieur le Ministre et cher collégue
Vous avez bien voulu appeler à nouveau mon attention sur la situation de l’industrie du Tapis Mécanique d’Aubusson et me signaler la demande du syndicat ouvrier de cette industrie en vue d’obtenir des commandes de l’Etat.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que bonne note a été prise de votre bienveillante intervention et que cette demande a été aussitôt mise à l’étude par l’administration des Beaux-Arts, avec le vif désir de lui donner une suite favorable.
Je ne manquerai pas de vous tenir au courant.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre et cher Collégue, l’assurance de ma haute considération.
Ministre de l’Education Nationale
Amitiés
Jean Zay

Cette lettre est adressée à Monsieur RIVIERE, ministre des pensions pour lequel le maire d’Aubusson, camille Benassy, était chef de Cabinet.C’est lui, comme en atteste le petit mot « sentiments dévoués » et la signature de Benassy, qui a fait suivre la lettre.

Même si ce n’est que par cette lettre, lier le nom de Jean ZAY à l’histoire d’Aubusson, m’a paru aujourd’hui symbolique :

Jean Zay est né à Orléans le 6 août 1904. Entre 1932 et 1940, il est député radical-socialiste. Lors de son élection en 1932, il est le plus jeune député.
il est nommé ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du Front populaire à trente deux ans, le 4 juin 1936.
Il est à l’origine d’une profonde réforme de l’Education : multiplication des bourses aux élèves de primaire, passage de la scolarité obligatoire de 13 ans à 14 ans, de l’introduction de l’éducation sportive obligatoire, de la création des CROUS,… Il crée de nombreuses classes, des cantines et des colonies de vacances.
C’est aussi le créateur du premier projet de l’ENA, du festival de Cannes, du CNRS et des bibliobus.
Le 2 septembre 1939, non mobilisable car au gouvernement, il préfére démissionner de son poste de ministre pour rejoindre l’armée française.
En 1940, partisan de la Résistance, il s’embarque sur le Massilia avec Georges Mandel et Pierre Mendès France pour poursuivre le combat. Il est arrêté au Maroc sur ordre du gouvernement de Vichy pour désertion.
En juin 1940, il est condamné à la déportation et à la dégradation militaire, peine jamais prononcée depuis l’affaire Dreyfus, pour une durée indéterminée par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand, il est détenu successivement au fort Saint-Nicolas à Marseille puis à la prison de Riom. Il subit une violente campagne de presse orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l’Information du gouvernement de Vichy, réclamant la condamnation à mort du « Juif Jean Zay ».
Le 20 juin 1944, il est enlevé durant son transfert à la prison de Melun et assassiné par des miliciens de Joseph Darnand dans un bois à Molles dans l’Allier.

Merci à Hélène Mouchard-Zay et Pierre Girard (Maitre de Conférence à Sciences-po, Professeur à l’Université de Californie, Chercheur attaché au Centre d’Histoire de Sciences-po) pour l’authentification de la signature.

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