PhoneImpact : des cartes pour faire parler vos téléphones
Dans la série “Jeu Sérieux”, il faut croire que je suis dans une série Jeu papier. Soit parce que j’ai besoin de ressources diversifiées (Oh ben non, c’est pas en proposant divers moyens d’apprentissages qu’on fixe la mémoire, non ..) soit parce qu’il est parfois bon de remettre les pieds sur terre, surtout quand on parle de numérique. Parce qu’à force de swiper, liker et recharger frénétiquement, on en oublie que nos téléphones portables ne poussent pas dans les arbres (Ah bon ?). C’est là que débarque PhoneImpact, un jeu de cartes pas comme les autres, développé par l’Inria. Un jeu à imprimer, à découper, à manipuler… et surtout à faire cogiter même les plus accros au dernier modèle sorti.
Loin des applications à installer ou des jeux en ligne aux graphismes hypnotisants (maintenant tu lâches MARVEL SNAP, Jean-Noël…), PhoneImpact revient à la bonne vieille méthode papier-ciseaux, avec un objectif bien plus noble que de faire exploser des bonbons : comprendre l’impact environnemental d’un smartphone, de sa naissance minérale à sa mort dans un tiroir. Le jeu vous propose de fabriquer un téléphone en choisissant ses composants, ses méthodes d’approvisionnement, son usage et sa fin de vie. Mais attention : chaque choix a un prix, souvent invisible à l’œil nu, mais très palpable pour la planète.
C’est là que le dispositif devient intéressant pour la formation d’adultes. Car expliquer le cycle de vie d’un téléphone, de l’extraction des terres rares en Afrique jusqu’au centre de tri en Europe, peut vite tourner au cours magistral aride. PhoneImpact, lui, propose une entrée en matière concrète et engageante. On ne se contente pas de dire que le numérique pollue : on le met en jeu, on le met en scène, on le met en débat. Et ça, pour des adultes en reconversion ou en montée en compétences sur les enjeux du numérique, c’est tout simplement redoutablement efficace.
Objectifs pédagogiques du jeu
Le jeu a été conçu pour permettre aux apprenants de :
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Découvrir la diversité des ressources nécessaires à la fabrication des smartphones (métaux, énergie, composants) et les pollutions associées à leur extraction.
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Comprendre les impacts environnementaux et sociaux liés à la production et à l’usage des appareils numériques.
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Expérimenter des arbitrages entre performance, coût et sobriété numérique.
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Réfléchir à des leviers d’action concrets : allongement de la durée de vie, choix techniques plus sobres, recyclage, etc.
Comment fonctionne le jeu ?
Chaque participant ou petit groupe joue le rôle d’un fabricant fictif de smartphones. Le but est de concevoir un téléphone complet en sélectionnant parmi des cartes représentant des matériaux, des choix de transport, de design, d’usage et de fin de vie. Mais ici, pas de victoire écrasante avec des mégapixels ou des coques dorées : la performance environnementale prime.
Les cartes représentent des réalités bien concrètes : métaux rares extraits au prix fort, conditions sociales d’extraction douteuses, impacts CO₂ variables selon le transport ou l’usage. Rapidement, les joueurs comprennent que chaque choix technologique est aussi un choix écologique — et souvent un casse-tête éthique. La partie se termine par un calcul de l’impact global de chaque téléphone conçu, ce qui déclenche très souvent des échanges aussi vifs qu’éclairants.
En une quarantaine de minutes, le tour est joué. Littéralement. Et le terrain est prêt pour une discussion plus large sur la responsabilité numérique, les choix de consommation, et même les politiques publiques.
Le génie de ce jeu réside dans sa capacité à transformer une thématique complexe en expérience collective. Le groupe devient acteur d’un dilemme : comment produire un téléphone performant sans ruiner la planète ? Les discussions fusent, les stratégies divergent, et très vite, chacun se rend compte que derrière nos gestes numériques quotidiens se cache une chaîne de décisions lourdes de conséquences. Ce n’est pas un jeu moralisateur, mais un révélateur. On n’en ressort pas culpabilisé, mais éclairé. Et souvent, un peu épaté d’avoir appris autant… en jouant.
PhoneImpact s’intègre avec naturel dans vos séances pédagogiques. Il ne demande ni matériel numérique, ni prérequis techniques. Il permet de faire travailler l’analyse critique, la coopération, et de déclencher des débats vivants car PhoneImpact ne vous dira pas quoi faire. Il ne vous pointera pas du doigt si vous rechargez votre portable toutes les nuits ou si vous avez trois câbles USB-C au fond du sac. Mais il vous proposera, cartes en main, de réfléchir. Et c’est déjà beaucoup. Pour le reste, à vous de jouer.
Le jeu est librement téléchargeable ici : https://phoneimpact.inria.fr
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