Référentiels de compétences numériques
On aura beau injecter des millions dans la résolution de la “fracture numérique” si l’on ne possède pas un système de référence commun, avec des objectifs clairs à atteindre, un brouillard persistera. Cette liste d’éléments formant un système de référence, c’est un référentiel. Le souci, c’est que, quand on cherche un référentiel de compétences numériques, on en trouve des tas :
Des tas de référentiels ?
On pourrait croire à un côté simple : L’Europe détermine déjà un référentiel européen des compétences numériques, également connu sous le nom de DigComp qui décline les compétences à posséder aujourd’hui. (A voir sa traduction en infographie sur un article de Loïc Gervais)
C’est à partir de ce référentiel que sont décrites, en France, les compétences du PIX ainsi que le cadre de référence des compétences numériques valable de l’école primaire à l’université.
Pourtant d’autres font des choix différents : Le Certificat Cléa Numérique certification professionnelle «constitué de l’ensemble des connaissances et des compétences qu’il est utile pour une personne de maîtriser afin de favoriser son accès à la formation professionnelle et son insertion professionnelle » est un peu différent puisqu’il se base sur 4 compétences au lieu de 5.
On ajoutera à cela la Compétence 4 “Utiliser les outils numériques et l’informatique” du Référentiel des compétences transversales de l’AEFA. Elle a le mérite de voir les usages du numérique comme inscrits dans un ensemble plus larges de compétences (Oui, c’est une évidence et j’ai tendance à commencer par cela).
On trouve ensuite le référentiel APTIC, référentiel des services de Médiation Numérique qui va se baser sur 129 services liés à des besoins numériques élémentaires et des habiletés essentielles.
Enfin quelques référentiels plus confidentiels et pourtant bien conçus comme le Référentiel Autonomie Numérique des caisses de retraite.
C’est juste chez nous, ça ?
Oui, cette déjà longue liste, c’est pour la France. Si nous ouvrons à la francophonie, au Québec, on trouve le cadre de référence de la Compétence Numérique et par exemple en Suisse, le référentiel de Compétences Numériques qui est inséré dans un cadre de référence de compétences socle et basé sur le DigComp. Je m’arrête là sinon la liste pourrait continuer.
En résumé, en cherchant à peine, on se retrouve avec divers systèmes de référence de compétences numériques de base qui s’entrecroisent avec parfois des objectifs de certifications différents, des compétences limitées, étendues, du quotidien, professionnelles, etc.
- Le référentiel européen des compétences numériques DigComp,
- Le référentiel de compétences du PIX ,
- Le cadre de référence des compétences numériques,
- Le référentiel du Certificat Cléa Numérique,
- La Compétence 4 “Utiliser les outils numériques et l’informatique” du Référentiel des compétences transversales de l’AEFA,
- Le référentiel APTIC, référentiel des services de Médiation Numérique,
- Le Référentiel Autonomie Numérique des caisses de retraite,
- Le domaine 3 numérique dans le Cléa Socle de compétences, (maj du 07.05)
- Le cadre de référence de la Compétence Numérique du Québec
- Le référentiel de Compétences Numériques Suisse
De quoi jeter un léger trouble dans la résolution de la fracture numérique et laisser la place à des organisations marchandes, chacune porteuse d’une certification relative, plus qu’à un réel service public de formation lié aux usages du numérique accessible à tous, d’autant qu’un grand nombre d’éléments, sémantiques entre autres, ne sont pas résolus : C’est quoi la “Fracture numérique” précisément ? Quels sont les niveaux d’illectronisme ? Puisque ce sont des gens qui sont dans cette situation, y a-t-il des illectronés ? et où se situent les enjeux pour cette population éloignée des réseaux numériques ?
Quelle sortie pour cette spirale ?
Une référence peut s’imposer par l’organisme qui la porte : Diplôme pour l’Education Nationale, Titre pour le Ministère du Travail, Certifications professionnelles reconnues par le milieu, les pairs, etc. Ce sont des systèmes souvent lourds à faire bouger, peu mouvants, peu adaptables et peu capables d’évolutions.
Un système de référence peut aussi s’imposer par un usage pertinent, collectif, adaptable et ouvert à tous. Pour que l’ensemble de la population saisisse le sens, les enjeux, la culture autour des usages du numérique, cela au fil du temps et des évolutions sociales et techniques, c’est ce type de système qu’il serait intéressant à mettre en place.
Si cela vous tente de discuter de cette possibilité, les commentaires sont ouverts.
Mise à Jour du 07.05
Stéphane Gardé me signale que le Cléa comporte deux axes numériques (Oui, ben je le savais, hein ! 🙂 ) : le Cléa Numérique spécifique mais aussi une partie numérique dans le Cléa Socle de compétences, le domaine 3 détaillé dans la matrice de la certification et qui, pour lui, répond aux besoins des “publics éloignés”.
Il en a d’ailleurs réalisé une parfaite carte mentale accessible ici.
Alain Imbaud me signale aussi le référentiel du titre “Responsable d’espace de Médiation Numérique” sur lequel va se baser une partie de la formation des Conseillers Numériques. Il est complémentaire à cette liste car de niveau Bac +2, et donc peu adapté à de la médiation avec des personnes en difficulté avec les usages du Numérique, mais de nombreux items pourraient aider à construire un référentiel unique.
https://movilab.org/images/movilab/3/35/REAC_REMN_V02_21022019.pdf
Mise à jour du 24.05.21
Je découvre qu’il existe une Union internationale des télécommunications (UIT) et qu’elle travaille sur l’inclusion numérique des jeunes et pour tous. Elle a développé un Kit pratique de l’UIT sur les compétences numériques que je n’ai trouvé qu’en anglais.
Quel travail de fourmi ! bravo et merci pour cette recherche et ce partage.
Merci pour ces articles ! Dans le cadre de mes études de Master II, j’entame un travail sur l’inclusion numérique des personnes adultes en situation de handicap et vos articles m’aident à y voir plus clair dans la jungle des référentiels !