Encore raté (Ou l’IA fait n’importe quoi une nouvelle fois)

C’est toujours compliqué de travailler avec l’IA en Pédagogie/Andragogie. On doit systématiquement vérifier, être attentif et ne pas se laisser déborder par l’enthousiasme. c’est pourtant clairement ce que nombre de personnes ont fait face à la nouvelle façon de traiter les images de ChatGPT. Le nombre de faux Ghibli généré est faramineux, au point que même le concepteur de Open AI a demandé aux gens de se calmer. Tout le monde en a profité pour montrer les “bienfaits de l’IA” : Si ça fait du Ghibli, c’est forcément gentil !!

A partir de ce constat, prenons le pont de vue d’un formateur lambda… Comment ? On n’en a pas sous la main ? Ok, prenons moi alors 😉

J’ai des besoins précis dans mon développement professionnel : Concevoir, diversifier, adapter, individualiser, multiplier les points de vue et les outils afin de répondre au plus grand nombre. J’ai déjà dit que j’utilisais l’image créée par IA, je me suis donc intéressé à ce qui paraissait être une plus-value, avec une idée simple : Si ça fait des petites bandes dessinées, ça doit pouvoir faire des fiches d’aides ou d’exercices dans le cadre de mes cours pour des allophones. Si en plus, cela pouvait adapter l’imagerie habituelle faite pour des enfants à des problématiques adultes, voir dans l’idéal, professionnelles, ce serait une belle avancée et ça m’éviterait de tenter de dessiner dans tous mes cours (C’est pas que j’aime pas ça, hein, c’est que parfois mes dessins sont pas super parlants…).

J’ai donc commencé à écrire un prompt simple dans ChatGPT : “Liste moi les sons nécessaires à la compréhension et à la prononciation des mots en français“. On sait que la langue française compte environ 36 phonèmes, et comprendre leur nature est essentiel pour maîtriser la prononciation et la compréhension.

La proposition était cohérente, j’ai donc enchaîné sur “Liste moi des mots liés à ces phonèmes.” Là, certains vont me dire : “Un prompt complet qui prend en compte toutes les données et informations aurait été préférable”. Alors oui, mais quand je décompose les taches et mes demandes, cela me permet de comprendre où l’IA se plante. Des prompts progressifs, dans le cadre de formations, permettent d’enseigner la vérification à chaque étape et ce n’est vraiment pas du luxe, vu la suite.

A partir de cette liste de sons et de mots liés, je demande à mon IA de me créer une fiche avec des petites illustrations qui associent le son et un mot. Et là, ça part en vrille. La fiche est très jolie, on sent que les concepteurs ont travaillé le côté visuel mais sur le plan de la demande et du sens, ChatGPT a juste oublié tout le travail mené en amont. Je ne détaille pas l’image mais vous aurez compris que le IN de Poule, le OU de Maison ou l’illustration du Train ont de quoi mettre le doute sur les possibilités d’usage d’une telle fiche.

J’ai peut-être un peu surestimé les capacités de l’IA face aux concepts liés à ce travail. Je tente donc de faire encore plus simple. Demander une liste de lettre et des mots associés (L’IA fait ça facilement) puis transformer ça en fiche avec des illustrations et là, une fois de plus (Oui, j’en ai toute une collection de ces fiches du coup), les incohérences sont légion : Les mots de S sont assez parlants, jusqu’à l’image de la Moto associé au mot Tomate …

Vous allez me dire que la réalisation est déjà incroyable à ce stade, que, comme j’ai pu le lire sur les réseaux : “C’est beau” mais c’est surtout totalement inutilisable. Rester au stade du visuel peut nous entraîner dans un cercle ou la vérification des données serait moins importante que la beauté ou la mise en page des images. Je vais le redire : Vérifiez l’utilité de ce que vous faites avec l’IA et vérifiez ce que l’IA fait suite à vos demandes. L’expert, c’est vous.

Est-ce que j’ai utilisé ça en cours ? Oui, mais pas dans le cours que je prévoyais. Je m’en sers aujourd’hui dans des cours liées aux Enjeux du Numérique. Elles font beaucoup rire, grâce à ce côté totalement décalé, et elles sont très efficaces pour interpeller sur les usages en conscience de l’IA.