J’ai un compte Threads

Si vous suivez l’actualité technologique, vous n’avez pas pu passer à côté de l’information : Mark Zuckerberg, le patron de Méta, vient de lancer un nouveau réseau social : Threads. C’est une chose que l’on ne vit pas souvent (euh… si en fait).

En bon technophile, j’ai vite eu envie de voir à quoi ça ressemblait. Sauf que le réseau n’est pas encore lancé en Europe, un retard du au fait qu’on se préoccupe un peu de nos données personnelles dans nos contrées (mais quelle idée ?). Ce concurrent de Twitter est donc disponible depuis jeudi dernier dans presque tous les grands pays du globe à l’exception des pays de l’Union européenne, en partie à cause du règlement européen sur les marchés numériques (DMA) en vigueur depuis mai dernier et du fameux RGPD, Règlement Général sur la Protection des Données .

Mais si les limites du droit sont une barrière, celles de la technique laissent des possibilités : Frandroid a rapidement proposé un tutoriel pour installer Threads en France : Il suffit d’installer un fichier APK sur son téléphone. Facile à réaliser, la manipulation permet de profiter de la totalité des fonctions de la nouvelle application en français. Cette technique ne vous permettra pas de profiter automatiquement des mises à jour, puisqu’elles sont bloqués en France, il faudra donc les vérifier régulièrement et télécharger les nouvelles versions au besoin.A savoir que Threads est rattaché à votre compte Instagram, c’est une fusion qui posera problème si vous voulez quitter le réseau ensuite. C’est aussi une des raisons de la fermeture de Threads en Europe, le DMA oblige à l’indépendance des réseaux afin d’en faciliter la déconnexion et d’éviter le croisement des données personnelles.

De mon côté, il y a longtemps que je considère que mes données personnelles , diffusées sur le web, ont une valeur toute relative, d’autant que je brouille les pistes depuis les débuts.

Sur le plan visuel, comme vous pouvez le voir sur la copie d’écran ci-dessous, l’interface est très intuitive. Elle ressemble à Twitter, avec un côté plus épuré encore.

Les principes de Like, de commentaires, de repartage se retrouvent et la prise en main ne réclame donc que quelques secondes. On peut poster des textes de maximum 500 caractères, partager des pensées, anecdotes, opinions, etc. mais les limites sont plus strictes que chez la concurrence : Les contenus sexuels, nudité, sont interdits ainsi que les insultes, soit disant même mineures. Il est possible d’y intégrer des liens, des photos ou des vidéos de 5 minutes maximum. Les gifs ne sont pas actuellement intégrés de base.

En ce qui concerne les interactions et l’écosystème existant, je suis arrivé sur la plateforme le lendemain de son ouverture et il y avait déjà des millions d’inscrits de tous pays. Une sorte d’esprit pionnier s’est vite imposé et on se serait cru sur un vieux forum des années 90 : appels à la bienveillance, recherche de liens communautaires … l’utopie des premiers instants. J’ai pu retrouver une petite communauté française, essentiellement de bidouilleurs à cause de l’installation technique,  et, si les échanges ont vite porté sur la plateforme en elle-même, l’humour et la détente ont primé sur tout le reste : Une sorte de grande cour de récréation et un énorme changement face aux fondamentaux de Twitter.

Nombreux étaient ceux qui se posaient la question de la rupture de cette utopie, de l’arrivée en masse d’autres plateformes, évidemment comme Twitter, mais c’est LinkedIn qui a paru fournir le gros des troupes secondaires au bout de 3 jours d’existence, avec l’invasion de cet esprit de mâle alpha qui caractérise le “jeune entrepreneur” de startup. De nombreux  comptes ont montré qu’ils n’étaient pas là en quête d’interactions sociales mais plutôt d’opportunités professionnelles, voire de concours d’égos. Cet esprit a évidemment ses gourous et ses suiveurs qui ne manquent pas de faire remarquer leur arrivée :

A partir de là, la plateforme a changé pour moi. Après quelques remarques en commentaire sur ce basculement d’esprit, je me suis attrapé un hâter et 6 mentions de concours, avec fortune à la clé, en russe, japonais et chinois (tiens ? l’esprit LinkedIn). De quoi se croire sur Twitter.

Pendant ce temps, mon nombre de followers grimpait de façon exponentielle (une centaine par jour), avec un grand nombre de “Coach de vie”, “Growth Hackers”, “Marketing je sais pas quoi” et experts et stratèges en tout genre. Les pays africains, Bénin, Côte d’Ivoire… sont particulièrement présents, on sent que la plateforme représente un potentiel professionnel plus vital que chez nous. Ce déséquilibre européen est intéressant parce qu’il bouscule vraiment les établis d’autres plateformes. En 5-6 jours, on voit déjà l’audience changer, être moins jeune et moins “folle”, plus posée, avec des posts qui pourraient être ceux de Twitter. Nombreux se posent la question du basculement total.

En ce qui concerne mes relations habituelles, j’ai pu y retrouver rapidement Vincent BornyBuzz, Yann Leroux, Lucie Dhorne et quelques autres, essentiellement des défricheurs d’univers numériques comme moi, avec divers degrés d’investissement qui vont de l’observation à l’échange constant.

Il y a peu de politiques (quelques NUPES et Parti Pirate), encore peu d’entreprises françaises même si ça monte. L’adoption de la plateforme a été assez incroyable puisque les 100 millions d’utilisateurs ont été atteints en 5 jours. Même si l’époque était différente, cela avait demandé 5 ans à Twitter. L’effet support d’Instagram, d’où vous pouvez basculer vos followers, a sûrement facilité cette prise en main.

Sur l’aspect sécurité, c’est pas pire que Facebook ou Twitter. J’ai poussé un peu la machine en faisant du suivi en masse sur une demi-journée. Mon compte a rapidement été limité pour vérifier que j’étais humain.

Quel intérêt du coup ? Aujourd’hui l’attrait de la nouveauté (là, ça marche mais ça va pas durer), la recherche de solutions nouvelles (Mmh, bof, techniquement ça n’apporte rien), l’alternative à des plateformes qui sont de plus en plus envahies par la publicité et basées sur la performance (La publicité est déjà annoncée comme en passe d’arriver sur Threads), un choix politique (Y a-t-il une différence entre Zuckerberg et Musk ?)… Du coup, on va juste profiter de l’esprit pionnier et observer l’évolution puisque la totalité de ces plateformes de réseaux peuvent cohabiter pour peu qu’on ait du temps à y consacrer.

Reste une question, qui fait que je considère toujours Threads comme une grande cour de récréation actuellement : Que va-t-il se passer au moment du lancement en Europe ? Ces comptes “illégaux” mais déjà très installés vont-ils pouvoir perdurer juste avec une mise à jour de l’application ? La fusion actuelle avec Instagram ne va-t-elle pas poser de problème technique, en plus du problème de droit ?

Je ne suis pas fondamentalement attaché à mes comptes de réseaux, ils n’ont rien de professionnel, mais j’imagine que, si le choix de séparer ces réseaux doit être fait, il faudra techniquement sacrifier une partie des données actuelles et cela risque de faire mal à certains.

MàJ du 14.07.2023

1. Threads vient de bloquer un grand nombre de comptes français. Il est possible de lire son fil mais pas d’interagir. J’ai testé Proton VPN pour contourner mais la limitation a persisté et comme certains comptes français ont l’air de fonctionner, ce blocage est peut être basé sur une autre technique que géographique.

2. Je confirme que le blocage est fonction des comptes créés pendant ce qu’on pourra appeler “la faille” dans laquelle se sont engouffrés quelques centaines de français (Ces comptes restent figés).Il y a un contournement possible que je suis en train de tester pour voir s’il tient la durée.

Si vous aussi, vous êtes bloqué, merci de le signaler et si vous avez trouvé une technique pour contourner, merci de la partager en commentaire.

A suivre donc et si vous avez un compte là-bas, n’hésitez pas à le donner en commentaire ici qu’on s’y retrouve.

 

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