Créer une Licence Open Education | Education Ouverte ?
L’histoire commence en 2011 : je me retrouve faire partie des artistes cités sur la Thèse d’Antoine Moreau “Le copyleft appliqué à la création hors logiciel. Une reformulation des données culturelles ?“. Mon œuvre la plus reconnue à l’époque était un travail sous Licence Art Libre réalisé en 2006 et répertorié par le laboratoire de recherches sur les œuvres hypermédiatiques (Laboratoire NT2 du Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).)
La Licence Art Libre, utilisée pour cette oeuvre, était au cœur de l’esprit du net de l’époque : liberté d’usage, de copie, de diffusion, de transformation et interdiction d’appropriation exclusive, sur la base d’une création renouvelée sur des bases communes :
“Avec le développement du numérique, l’invention d’internet et des logiciels libres, les modalités de création ont évolué : les productions de l’esprit s’offrent naturellement à la circulation, à l’échange et aux transformations. Elles se prêtent favorablement à la réalisation d’œuvres communes que chacun peut augmenter pour l’avantage de tous.”
Aujourd’hui, je suis plus investi dans les univers éducatifs, pédagogiques et andragogiques qu’artistiques mais je me rends compte que la problématique est la même. Pire encore : sous la pression des GAFAM et autres EdTech, le savoir distribué, commun, partagé devient petit à petit propriété. Certains mots usuels deviennent même propriétés de marque.
Face à cela un courant d’Education Ouverte s’est profilé : Une éducation open-source liée à une communauté technologique qui favoriserait un accès égal et facile à l’information, la réduction des clivages et des disparités, et le partage des connaissances avec la communauté au sens large.
D’un côté, elles poussent à la diffusion de connaissances, savoirs, compétences via des plateformes ouvertes et gratuites de type MOOC, de l’autre, elles préconisent le développement de Ressources Educatives Libres, définies en 2002 par l’UNESCO comme “La mise à disposition ouverte de ressources éducatives, grâce aux technologies de l’information et de la communication, pour consultation, utilisation et adaptation par une communauté d’utilisateurs à des fins non commerciales.” et basées sur 5 principes :
- Retenir. Faire, posséder et contrôler votre propre copie du contenu.
- Réutiliser. Utilisez le contenu tel quel.
- Révisez. Adaptez, ajustez, modifiez, améliorez ou altérez vous-même le contenu.
- Remixer. Combinez le contenu original ou révisé avec d’autres REL pour créer quelque chose de nouveau.
- Redistribuer. Partagez vos copies du contenu original, des révisions ou des remixes avec d’autres personnes. Il s’agit là d’une interdiction absolue avec les licences de droits d’auteur fermées.
En septembre 2007, la Déclaration sur l’éducation ouverte est le résultat d’une réunion organisée au Cap Le but de cette réunion était d’accélérer les efforts pour promouvoir les ressources ouvertes, la technologie et les pratiques pédagogiques dans l’éducation. Cette déclaration propose dix directions pour faire avancer l’éducation ouverte.
On peut ajouter à ces références un programme de formation très intéressant “Education ouverte : Approches et fondements“, produit dans le cadre du projet OpenMed avec le soutien d’Erasmus + de l’Union Européenne, qui vise à renforcer les capacités des universités des pays du Sud de la Méditerranée sur l’éducation ouverte et sur les Ressources Educatives Libres (REL).
Ces REL se basent le plus souvent sur les licences Creative Commons (CC) qui sont aujourd’hui le standard pour libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard d’un pays.
L’épatant tableau sur l’usage des CC de Guillaume Déziel (à agrandir en cliquant dessus)
Mais j’ai toujours trouvé étonnant qu’une licence propre à l’éducation n’ait pas vu le jour. En effet, ces licences CC sont souvent complexes d’usage, ne serait-ce que pour décider quel type d’attribution et d’usages on compte laisser libre, pas toujours adaptées au contexte de l’enseignement et nombreux sont ceux qui diffusent leurs cours sans licence.
Alors ? une idée ?
Internet a donné l’espoir d’un partage équitable et d’une mise à disposition à tous des connaissances. Des œuvres comme Wikipédia forcent l’admiration mais chaque jour, ce sont de plus en plus d’entreprises privées, aux desseins parfois obscurs (C’est pas obscur JN, ils veulent juste tes données pour mieux te vendre leur soupe !), comme Google ou Microsoft qui se proposent d’enseigner “LEUR” savoir à nos enfants, avec LEURS outils dont nous serons plus prisonniers chaque jour qui passe.
Sûrement parce que je suis un de ces dinosaures, qui ne guérit pas de cette aussi nostalgique qu’utopique ouverture que l’on a pu connaitre au début du web, je pense qu’il est important de créer des symboles de cette essentielle ouverture des ressources éducatives, comme une marque forte du fait que les savoirs communs ne sont pas à vendre.
Pour cela, je trouve que ce serait intéressant de travailler à la rédaction d’une licence Education Ouverte – Open Education qui pourrait trouver son symbole dans l’œ, ces deux lettres liées, qui ont l’avantage de reprendre les initiales en français et en anglais, de se retrouver dans de nombreuses langues et de ne pas correspondre à une symbolique existante.
Sur le modèle de la Licence Art Libre, cette licence Open Education devra être simple d’usage et d’appropriation, liée à un support de cours, un outil pédagogique, etc. , et garantir la liberté d’utiliser et de reproduire, la liberté de diffuser et la liberté de modifier ou adapter sous conditions peu contraignantes : citer la source, l’auteur, la date par exemple.
Elle pourra s’adresser à tous ceux qui pensent comme moi que le partage et la transmission de savoirs nous enrichit tous et pourrait, comme la LAL, créer des communautés garantes de cet état d’esprit.
Si cette idée vous intéresse, vous pouvez me trouver sur Twitter ou par mail ici, pareil pour me signaler un oubli ou une ressource essentielle dans ce cadre de travail.
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