Plutôt une intelligence collective humaine qu’une IA numérique

Cet article a une raison d’être : J’avoue être techno-addict. Je suis dingue du potentiel des machines, je teste à tout va et je rêve sans arrêt de Moutons électriques. Aujourd’hui pourtant, j’en suis à me demander si le test de Voight-Kampff ne devrait pas être mis en production. Les IA sont partout dans nos écrans, ils répondent à nos interrogations, nous influencentjouent avec nous et nous n’en sommes pas toujours conscients.

En tant que promoteur de la Pairagogie en formation, j’en suis donc à me demander s’il n’y a pas une grosse dichotomie entre ces deux postures : Formateur IA et Pairagogue. Si je rêve de ces moutons électriques, je n’en oublie pas moins le fabuleux “Les Plus qu’Humains” de Théodore Sturgeon. Ce roman décrit la rencontre entre des êtres ayant des capacités surhumaines qui les placent en marge de la société. Au fil du livre, les manques que chacun ressent vont se trouver comblés par les aptitudes des autres jusqu’à parvenir à un autre niveau de l’évolution : La création d’un Gestalt,  une entité composée de plusieurs individus, dont l’individualité se dissout dans une forme commune.

Alors ? Suis-je en capacité de critiquer l’IA et de tenter une posture différente ?

La forme commune plutôt que l’intelligence artificielle ?

“Raisonner seul ne nous permet pas de savoir si l’on a tort ou raison. Le meilleur moyen est de trouver ceux qui ne partagent pas nos opinions et de leur parler” Hugo Mercier

Une fois sortis des influences SF (Oui, bon, d’accord, c’est juste pour faire sérieux. En fait, on en sort jamais ), on en arrive à la notion d’intelligence collective humaine, fondée sur la diversité des expériences, des compétences et des perspectives individuelles. Cette notion offre des avantages évidents par rapport à l’intelligence artificielle. Alors que l’IA excelle dans le traitement de données massives et la résolution de problèmes algorithmiques, l’intelligence collective humaine va briller dans des domaines où l’émotion, la créativité et la compréhension contextuelle sont primordiales. On peut synthétiser cela par 5 C : Créativité, Compassion (Empathie serait plus à la mode mais ça ne commence pas par un C), Collaboration, Communication et réflexion Collective.

Créer et innover, des activités humaines ?

L’intelligence collective humaine excelle dans la créativité et l’innovation. La où la capacité de l’Intelligence Artificielle se focalise sur la reproductibilité de modèles, où elle puise dans des bases de données somme toute bloquée dans un instant T et discutables sur le plan du droit d’auteur, quand des individus aux origines, aux compétences et aux perspectives variées se réunissent pour résoudre un problème, ils peuvent générer des idées nouvelles et originales qui vont dépasser les capacités actuelles de l’IA.

Par exemple, lors d’une séance de brainstorming en équipe, les interactions dynamiques entre les membres peuvent conduire à des solutions innovantes qui n’auraient pas pu être envisagées par un algorithme d’IA. L’intelligence collective humaine peut enrichir l’expérience d’apprentissage par la Pairagogie : Des séances de formation en groupe permettent aux apprenants de partager leurs connaissances, leurs expériences et leurs compétences, favorisant ainsi un environnement d’apprentissage collaboratif et interactif. Ce sont toutes leurs histoires de vies mêlées qui profitent au groupe.

S’adapter, une spécificité humaine ?

De plus, contrairement à l’IA, qui est, on le répète et malgré ce que l’on pense actuellement, limitée par la qualité et la quantité des données disponibles, l’intelligence collective humaine peut s’adapter à des situations imprévues et incertaines (le fameux acronyme VUCA) en exploitant la capacité collective des individus à comprendre et à interpréter le contexte.

Dans des situations de crise ou des négociations délicates, la capacité des gens à lire les signaux non verbaux, à comprendre les émotions et à s’adapter aux changements subtils est irremplaçable et sera complexe à transformer en algorithme. C’est l’intelligence d’une classe ou d’un groupe face à la détresse d’un de ses membres.

Dans ce cadre, l’intelligence collective humaine favorise le développement de compétences sociales et émotionnelles essentielles. Les interactions en face-à-face entre les apprenants favorisent le développement de compétences telles que la communication efficace, la coopération et la résolution de conflits. Par exemple, lors de projets de groupe en classe ou lors de sessions de formation en entreprise, les participants apprennent à travailler en équipe, à écouter activement les autres et à négocier des compromis, ce qui renforce leur capacité à interagir de manière constructive dans divers contextes sociaux et professionnels.

Laisser prendre des décisions à notre place ?

Troisièmement, l’intelligence collective humaine est essentielle pour la prise de décision éthique et équilibrée. On le sait, les algorithmes d’IA peuvent être influencés par des biais présents dans les données d’entraînement. On force même certains modèles à une bienveillance artificielle pour casser leur potentiel pouvoir de nuisance. Les humains, eux, sont capables de réfléchir en groupe de manière critique aux implications éthiques et sociales de leurs décisions (Si, si, ils en sont capables et c’est déjà arrivé que ça marche). De toute façon, laisser une IA décider de quelque choix que ce soit, ce sera questionner collectivement son modèle, ses références et ses biais mais c’est pourtant déjà une question qui se pose.

L’intelligence collective entraine l’intelligence collective.

Enfin, l’intelligence collective humaine peut contribuer à une culture d’apprentissage continu et à l’innovation. En encourageant le partage des connaissances et des idées, les communautés d’apprentissage favorisent un environnement où l’apprentissage est perçu comme un processus continu et collectif. Par exemple, les entreprises peuvent encourager la création de communautés de pratique où les employés partagent leurs connaissances et leurs expériences, ce qui favorise l’innovation et l’amélioration continue des pratiques professionnelles.

Bon, en conclusion, ce texte est un gros brouillon plus ou moins organisé de questionnements autour de choix qui sont déjà ceux de notre société : Laisser l’IA se développer sur ce qui fait nos spécificités humaines ou garder la place pour une intelligence qui doit aujourd’hui de toute façon être au-delà de l’individu isolé.

MàJ du 02.03.24 :

Je me permet de rajouter un lien vers un article de Joy Montgomery sur Vogue : “J’ai demandé à ChatGPT de m’habiller pendant une semaine, voici le résultat“. Une idée inédite d’usage de l’IA qui montre bien bien qu’elle peut se glisser partout dans notre quotidien. Elle a demandé chaque jour d’une semaine à ChatGPT des propositions de tenues à partir de prompts. L’article se termine par une citation de l’IA qui fait écho à mon petit texte : Bien que ChatGPT puisse imiter certains aspects de la créativité humaine dans les limites des données servant à entraîner son modèle, il est incapable de vraiment saisir des concepts, et ne possède pas la profondeur du processus créatif inhérente à la cognition humaine.

Si vous avez une vision, des idées autour de ces thématiques, de l’optimisme, du pessimisme, merci de me laisser un commentaire.

 

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