Un FabLab en centre de formation ?
Coordonnateur d’actions de formations dédiées au usages et métiers du Numérique, cela fait quelques années que la notion de laboratoire d’apprentissages me porte. J’en avais déjà parlé ici ou là et j’avais même conceptualisé la création d’un Tiers-lieu pédagogique territorialisé comme moteur de changements et d’innovation en 2018.
Depuis ces années, je travaille avec un tiers-lieu très connu dans ces univers : La Quincaillerie Numérique à Guéret et mes apprenants profitent à la fois des compétences et des outils technologiques à disposition dans ce lieu exceptionnel.
Pourtant, si la création d’un réseau apprenant est essentielle sur un territoire, la plus-value d’un fablab interne à ma structure m’a toujours paru important, d’abord pour essaimer la pratique d’outils et de technologies sur des formations qui ne sont pas dédiées à cela mais qui, pourtant aujourd’hui, sont impactées par le numérique, ensuite pour profiter de la capacité collective des apprenants à s’adapter à de nouveaux usages, voire à en inventer.
L’Action Capacitante Numérique, grâce au département de la Creuse, au Fond Social Européen et à la Région Nouvelle-Aquitaine, nous a permis de modéliser ce type de proposition, afin de transmettre et mettre au service d’un territoire des technologies et des compétences et montrer par là un engagement extrême au service de l’inclusion numérique.
Nous avons mis de côté la notion de lieu et sommes en train de penser à du transportable, de l’adaptable à des déplacements et installations sur divers sites de formation.
Je sais que ces problématiques sont transférables partout et que nous sommes parfois démunis pour faire avancer les choses chacun dans nos coins (Si c’est votre cas, n’hésitez pas à laisser un message en commentaire), je vous propose, sous forme d’échanges de pratique, une revue des technologies qui m’ont paru utiles pour concevoir ce fablab en centre de formation :
1. Quelques ordinateurs pour tous les jours
La problématique du matériel informatique est une des premières à régler. Sur une formation dédiée à la montée en compétence dans le domaine du numérique, il est inconcevable de travailler avec de l’approximatif, cela fait partie de l’expertise. J’ai longtemps été un adepte du BYOD (Bring Your Own Device) mais plus j’avance sur des formations sans prérequis avec des apprenants parfois en difficulté financière, plus je trouve essentiel de proposer le prêt d’ordinateur sur le temps de la formation.
Notre flotte se compose d’ordinateurs portables I5, 8Go de Ram, avec une carte graphique un peu puissante GTX 1660, histoire de faire de l’image, sous Windows. Le reste de l’équipement software n’est que du libre : Libre Office, KDenLive pour le montage vidéo. Nous utilisons de plus de nombreux applicatifs en ligne : Trello pour gestion de projets, Genially pour son côté créatif, easely pour les infographies, etc.
2. Une machine solide, tout terrain
Parce que la formation, et surtout la professionnalisation au numérique, demande parfois des outils avec des capacités au delà des outils communs, pour tester des logiciels et applications vidéos ou 3D, il nous fallait une station de travail un peu robuste.
Pour ça, nous avons opté pour la Lenovo Thinkstation P340 Tiny, ultra compacte et particulièrement bien dotée : Processeur Intel® Core™ i7-10700T 10e génération avec vPro™ (2,0 GHz, jusqu’à 4,50 GHz avec Turbo Boost, 8 cœurs, 16 Mo de cache), RAM 16 Go SO-DIMM DDR4 2933MHz Non-ECC, une carte graphique NVIDIA® Quadro® P620 2 Go et un petit SSD.
On l’a un peu testée sur des applications gourmandes et elle tient bien la charge. Hâte de passer en production sur de la 3D ou de la vidéo. En attendant, pour s’initier à la modélisation 3D, nos apprenants ont commencé à travailler avec ThinkerCad d’Autodesk, une application en ligne qui demande peu de ressources et qui permet de transférer ses fichiers en .STL vers l’outil suivant.
3. Une Imprimante 3D
C’est bien beau de créer des modèles 3D mais c’est frustrant quand on ne peut pas les imprimer. L’outil à la mode, et cela depuis un moment dans les fablabs, c’est l’imprimante 3D qui se démocratise à vitesse grand V avec la baisse des prix des machines. J’avais déjà eu quelques déconvenues sur des imprimantes il y a quelques temps, notamment de montage et calibrage mais ça a pas mal évolué depuis.
Après avoir vu le travail de Props d’un de mes proches, cosplayeur, j’ai choisi la même imprimante : la Creality Ender 3 Pro, confirmé par l’avis de Héliox, à suivre si vous intéressez aux technologies.
C’est une machine qui se monte très simplement, en prenant quelques précaution de réglages, et qui se prend en main facilement. Elle a, de plus, un avantage important : La Creality Ender 3 pro est à autour de 200 € en France.
4. Un casque de Réalité Virtuelle
Pokémon Go, c’est marrant pour démarrer et faire comprendre le concept de la réalité virtuelle ou augmentée mais certains de mes apprenants gamers me regardaient un peu bizarrement alors …
Comme la réalité virtuelle commence à prendre une part importante en formation, notamment pour des gestes techniques demandant un matériel spécifique, autant en menuiserie qu’en chirurgie, l’expérimentation de ces outils en formation numérique
On est passé au LENOVO MIRAGE SOLO, un casque autonome qui se connecte au wifi et qui tourne sous le Daydream de Google. L’intérêt, c’est qu’il va pouvoir aussi bien servir à des démonstrations ou immersions sur des formations en Art que sur des formations Bâtiment.
5. Une caméra Vidéo
La vidéo représente aujourd’hui une part énorme des échanges internet et si l’on compte les plateformes de streaming, cela peut représenter jusqu’à 80% du trafic mondial. Ce serait se couper d’un immense pan de technologie que de ne pas proposer d’initiation à la prise de vue et au montage sur une formation dédiée à la montée en compétences numériques.
Pour s’initier à la prise de vue et au montage, nous avons opté pour une petite caméra DJI OSMO Pocket 2 avec quelques essentiels : stabilisation 3 axes, prise de vue 4K/ 60ips, Zoom 8x, active track, enregistrement stéréo.
6. Un drone
Sur les formations Grande Ecole du Numérique, nous avions l’habitude de travailler avec un professionnel local du drone, puis sur un de nos formateurs startupper.
Là aussi, la démocratisation de ces outils permet aujourd’hui à (presque) chacun de se saisir des opportunités apportées par la prise de vue en vol, que ce soit pour le loisir ou professionnellement. Nous sommes resté très DJI avec l’achat du Mavic Air 2 , un drone d’initiation idéal et un outil qui bascule rapidement dans une utilisation professionnelle pointue : Capteur d’image 1/2 pouces, Photo 48 MP et Vidéo 4K/60 ips, Durée de vol maximum de 34 min, évitement d’obstacles APAS 3.0, système de transmission vidéo OcuSync 2.0 10 km 1080 p/30 ips.
Hors ordinateur, c’est un des éléments les plus coûteux de cette modélisation de fablab mais d’autres choix peuvent tout aussi bien servir à l’initiation au pilotage.
7. Des gens
Vous ne m’aurez pas avec un : “c’est bien beau d’empiler le matériel technologique mais encore faut-il en faire quelque chose !” Je navigue depuis assez longtemps pour savoir que, comme dans une association, c’est la communauté qui fait le tiers-lieu et un fablab ne vit que par des usages. Les outils, c’est la cerise sur le gâteau. Donc évidemment le tout s’accompagne de temps de formation dédiée, dispensés par des professionnels, créatifs et au fait des technologies pour que tout cela ne reste pas que des gadgets à la mode.
Là, nous avons développé un réseau d’indépendants, de gestionnaires de Start-up, de responsables associatifs ou de vacataires qui partagent la passion de leur domaine avec nos apprenants. La phase 1, actuelle, est une phase de prise en main puis nous allons proposer ou accompagner sur des projets utilisant ce matériel le plus souvent avec un impact réel.
Si vous aussi, vous avez créé un fablab de formation, un tiers-lieu éducatif, un learning lab … laissez moi un mot en commentaire que l’on puisse échanger sur nos points de vue.
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