Formation : “comment mieux utiliser les nouvelles technologies dans votre pratique professionnelle ?”
Immense question que celle de l’utilisation des “nouvelles” technologies ou plus globalement du numérique dans une pratique professionnelle quelle qu’elle soit. Quand on parle de formation, ça parait même encore plus prégnant et c’est bien dans ce sens que ce blog existe.
En tant que Coordonnateur/Formateur GRETA, J’ai eu l’opportunité d’être inscrit à une formation de CFC (Conseiller en Formation Continue) à l’ESENESR sur ce sujet : comment mieux utiliser les nouvelles technologies dans votre pratique professionnelle ?
Cette formation, pour les CFC, avait à la fois une logique commerciale mais portait aussi sur l’intégration de la FOAD aux formations. Elle cherchait à faire évoluer leurs pratiques professionnelles en adoptant certaines des méthodes ou certains des outils numériques présentés et à repenser l’offre de formations pour y intégrer les dernières tendances de la formation ouverte à distance.
Après présentation des objectifs et des raisons d’être là, à la fois sur les cibles (cadres qui n’ont plus le temps de se former en présentiel, etc.) et sur les moyens ( plus-value du numérique en formation …), tant de constats qui nous amènent à repenser la formation , Amandine Brugière de la FING nous a dressé un tableau des impacts du numérique sur l’activité des organisations d’aujourd’hui. J’ai conscience de la plupart des items abordés mais j’en ai retenu une proposition : la notion de musette numérique du travailleur, très en lien avec les compétences, les outils et la mobilité dans la tradition des outils de l’ouvrier (à lire PDF sur la Musette ). Une solution qui a du sens dans ma pratique au plus près de l’apprenant.
L’intervention suivante de Ludovic Blay portait sur les réseaux sociaux et leur utilité dans le développement d’activités de formation. Même si il est évident que la structure pour laquelle je travaille a beaucoup à avancer en ce sens, quelques réflexions d’usages m’ont hérissé le poil, notamment dans le cadre d’une offre territoriale : J’utilise les réseaux dans un cadre de développement associatif depuis des lustres (1998 pour être précis), à la fois avec des objectifs de mise en réseaux en compétences et de marketing (national et international). La fracture expérientielle avec l’intervenant était assez flagrante. Elle avait pourtant le mérite de me conforter dans ma connaissance et mes pratiques et surtout de poser la question du pourquoi une pratique personnelle et associative ne se transfère pas naturellement au professionnel.
Le fait que je n’ai pas légitimité dans mon rôle de formateur à réaliser ces tâches explique cela en partie. La facilité avec laquelle on peut le faire en privé face aux complexités du public en est une autre : acheter un nom de domaine avec une carte bleue demande 3 minutes, c’est (relativement) plus complexe pour une institution. Enfin, avoir un regard collectif sur une communication demande un travail en amont, ce dont peut se passer un décideur unique.
Reste que l’on pourrait tirer un cahier des charges à minima de cette intervention, tel que Jacques Dubois le résume : Facebook pour l’institutionnel grand public, LinkedIn pour les partenariats professionnels et Twitter pour l’événementiel.
La suite de la journée portait sur un exemple de mise en œuvre réussie d’un CRM (customer relationship management = gestionnaire de relation client) au sein d’un GRETA : SUGAR CRM. Regard institutionnel dont je suis assez éloigné en tant que formateur, je me contente d’être amis sur réseau social avec certains de mes anciens stagiaires, de leur diffuser un mail sous forme de “service après-vente”. Le gestionnaire de relation client reste malgré tout un essentiel de la panoplie marketing à ce jour et cette expérience partagée était intéressante de ce point de vue.
Puis la démarche de veille est abordée, avec les pratiques et la responsable du centre de ressources de l’ESENESR (Maïté Deroubaix). Quelques outils sont mis en lumière : flux RSS, bookmarks .. (voir ICI). Nous avons tous bien compris l’intérêt d’une démarche de veille (même si, comme me le rappelle mon collègue : “la veille, c’était hier”) mais l’aspect chronophage de cette démarche en est le frein principal. Nombreux se sont posés la question, sans réponse, de la disparition de veilles institutionnelles sur la formation continue qui facilitaient la démarche. La plupart des problématiques étant globales, hors questions de territoire, la veille pourrait l’être aussi. Reste un mot de l’intervenante sur le fait qu’à l’heure du numérique, nous sommes dans l’incapacité de gérer toutes les sources : ” Veiller, c’est faire le deuil”.
La dernière intervention de la journée était une intervention croisée entre Marine PLOSSU (co-fondatrice de SenseSchool), Alain MILLE (Professeur à Lyon1), François BOUCHET (professeur à Jussieu) et la salle, sur comment le numérique impactera l’activité des entreprises. On entrait de plein pied dans des concepts plutôt que de la pratique : des données en passant par l’information jusqu’à la connaissance, des modèles économiques restant à inventer.
Les termes employés, pratiquement exclusivement anglais, traduisaient vite cet état de fait : les notions de big data, de leur analyse, de data mining, de deep learning, de reflexive coaching, étaient explorés au fil des échanges.
Pour Alain MILLE, une obligation se dégage de ces nouvelles pratiques : replacer l’éthique au centre des usages. Comme le monde de la formation parle d’UX Design, de Pensée Design, la notion d’ “ethics by design” lui parait être essentielle. Autant jusqu’ici, on a pu ne garder que les données qui nous paraissaient utiles, autant aujourd’hui, face à l’idée que les usages n’en sont pas encore inventé, on stocke tout type de données en masse. Du coup, du “privacy by design” (protection de la vie privée) aux usages individuels, on bascule sur des usages collectifs. On devra donc être conscients des dérives potentielles sans pour autant en “cristalliser” les possibilités. Les méthodes industrielles que l’on risque demain d’appliquer à la formation grâce au Big Data et à des algorithmes de calculs de profils apprenants devront avant tout faire sens : la métaphore des fourmis qui empruntent toutes le chemin le plus efficace a été utilisée pour à la fois montrer l’utilité d’un système mais aussi ces effets pervers (C’est en tout cas ma lecture).
Le lendemain, la journée commence avec l’intervention d’Olivier Dulac, adjoint au directeur de l’ESENESR. Il aborde la notion de professionnalisation et l’idée que le numérique permet le continuum de parcours, insiste sur la qualité des ressources : “si on fait à peu près, l’apprenant s’investit à peu près”. Reprenant T. Ardouin, il rappelle que “ce qui compte dans les formations à distance, c’est la présence” et nous signale la dématérialisation prochaine de l’école dans laquelle nous étions dans une reconfiguration très ESENESR 3.0. Comme quoi, on avance.
Enfin Thierry de VULPILLIERES, directeur des partenariats Education chez Microsoft, développe les 2 révolutions de la formation digitale (oui Daniel : quand on a fait 2 révolutions, on est revenu au point de départ …).
Pour lui, on doit pouvoir faire beaucoup mieux en formation grâce au “profilage d’apprentissage” et en basant des formations sur les 5C suivants : connect – create – coordinate – communicate – collaborate. Quelques outils nous sont présentés : gestion de communautés, outils collaboratifs (Edmodo), de prise de notes en individuel et collectif (OneNotes), d’échanges (mystery Skype), au cours de l’échange (j’en parlerais plus tard, si vous suivez mes blablas, vous savez que les outils : je teste d’abord, j’en parle ensuite).
Après questionnement de la salle sur les études autour des écrans à l’école et l’idée qu’on fait dire ce que l’on veut aux études (oui, ça c’est mon analyse, en fait on a plutôt entendu : “y’a du positif mais y’a aussi du négatif …”), l’échange se conclura par l’idée que “le numérique n’est pas magique, s’il y a pas d’enseignant associé, rien ne se passe.” OUF !
La dernière partie, en ateliers, sera plus introspective sur les pratiques, chances, difficultés des mises en place du numérique à la fois sur le plan marketing et dans le cadre de formations. Je garderais donc cela pour moi en notant tout de même une utilisation de framemo de bon augure.
Deux demi-journées intéressantes, tant sur le plan des pratiques, des échanges que sur le plan des outils. De quoi se poser de bonnes questions sur les usages collectifs et individuels de notre institution et tenter d’impulser certains changements. De quoi aussi se rassurer sur le niveau, à la fois des intervenants et des présents, et les potentiels. De quoi enfin faire le compte des opportunités à saisir … rapidement.
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Comme toujours sur le net, certains liens peuvent être discutables, ils n’ont pas tous été fournis ces deux jours de formation et servent de définitions ou illustrations. D’autres liens peuvent être plus pertinents, merci de me signaler ce que vous en pensez en commentaires.
A lire sur la même formation :
Jacques Dubois, sur Storify, déroule les tweets au long de la formation
Les sources et conférences filmées sont sur M@gistère (https://magistere.education.fr/esen) et merci à l’ESEN d’avoir ajouté un lien vers mon compte-rendu de formation dans les ressources de ces journées.