Autoformation : Du savoir pour soi au savoir pour les autres

Comment rendre visible et transmissible une compétence issue de l’autoformation ?

Il y a quelques années, je me suis inscrit à un MOOC pour apprendre à utiliser ChatGPT. Comme pour tous mes apprentissages, je ne l’ai pas fait dans une démarche purement académique, mais plutôt dans un cadre autodidacte, un peu fouillis, où je me donne trois jours pour comprendre un truc que je dois utiliser pour un projet à court terme. Je n’avais aucune idée de ce que ChatGPT pouvait réellement m’apporter à l’époque, mais j’étais curieux et motivé.

C’est comme ça que je me forme, de manière pragmatique, un peu à l’ancienne : je teste, je cherche, je m’inspire de l’Internet, et surtout je bidouille. Et croyez-moi, je ne suis pas le seul à fonctionner comme ça. Aujourd’hui, je réalise que cette approche fait partie d’une compétence vitale pour les formateurs : l’autoformation. Mais le plus fascinant, c’est que cette compétence, qu’on développe pour soi-même, doit aussi être partagée, mutualisée et transférée à nos apprenants. Et là, ça devient tout un défi.

1. L’autoformation aujourd’hui : une démarche accessible à tous

Pour moi, l’autoformation n’est pas simplement un terme pour dire qu’on apprend tout seul dans son coin, c’est une manière de se prendre en main et de développer ses propres capacités. Ce processus, rendu facile par les outils numériques, nous permet d’accéder à des savoirs qui étaient jusque-là enfermés dans des salles de classe ou des livres. Un peu comme un réseau de connaissances infinies. Tout ce qu’il faut, c’est savoir où chercher.

Par exemple, j’ai appris à utiliser des outils comme Moodle, Slack ou même des apps IA simplement en étant curieux et en prenant le temps de chercher des tutoriels ou des vidéos YouTube. Je les ai souvent utilisés pour la formation d’adultes, parce qu’ils permettent d’offrir des solutions plus concrètes, plus centrées sur les besoins spécifiques des apprenants adultes.

Mais l’autoformation ne s’arrête pas à l’usage d’outils numériques. C’est aussi une manière de structurer son apprentissage, d’être capable de s’autoévaluer et de se donner des objectifs. L’autoformation devient un mode de vie.

2. Le défi du transfert : comment rendre ce savoir transmissible ?

Là où ça devient intéressant, c’est quand il s’agit de transférer cette compétence d’autoformation aux apprenants. Oui, ils peuvent aussi apprendre seuls, mais comment faire en sorte que leurs apprentissages soient visibles, qu’ils puissent les partager et transmettre à d’autres ?

C’est ce que j’appelle “faire émerger la compétence d’autoformation”. Ça ne consiste pas seulement à dire à quelqu’un : « Apprends tout seul », mais bien à lui fournir les outils et les méthodologies pour qu’il puisse, à son tour, devenir un apprenant actif et capable de partager ses découvertes avec les autres.

Et c’est là que la métacognition entre en jeu : on commence par les aider à se questionner sur leur propre manière d’apprendre. Comment as-tu appris ce concept ? Par quel biais ? Qu’est-ce qui t’a paru facile ou difficile ? C’est tout un travail que je fais avec mes apprenants, en les amenant à verbaliser leur processus d’apprentissage. Ce n’est pas un simple test de connaissance, mais un véritable partage de leur cheminement.

Exemple concret :

Lors de certaines de mes formations, je propose un exercice  efficace : chaque apprenant crée une fiche « Comment j’ai compris ce truc » à destination d’un autre groupe. C’est un exercice de speed-tuto qui permet à chacun de structurer sa découverte, de l’expliquer à un autre et de mutualiser ses apprentissages. Cela crée de la collaboration et de l’échange, mais aussi une prise de conscience de ce qu’ils ont réellement appris.

3. Des outils concrets pour encourager l’autoformation collective

La question qui revient souvent, c’est : comment aider les apprenants à rendre leur savoir concret et transmissible ?

Pour cela, il existe des outils très simples mais efficaces :

  • Le carnet d’autoformation : chaque apprenant note dans un carnet (numérique ou papier) ce qu’il a appris, comment, et ce qu’il compte faire ensuite avec ce savoir.

  • Le speed-tuto : cette idée, simple mais efficace, consiste à faire « présenter » un savoir en 3 minutes à ses pairs. Cela aide à structurer la pensée, à clarifier le savoir et à encourager la pédagogie par les pairs.

  • La lettre à soi-même : chaque apprenant rédige une lettre à lui-même dans laquelle il formule ses objectifs d’apprentissage pour les 3 prochains mois. Cela le pousse à formaliser son engagement dans son apprentissage.

  • La co-évaluation : chaque groupe ou apprenant évalue l’autoformation des autres. Ce processus renforce l’esprit critique et le partage des bonnes pratiques.

Je mets en place ces outils dans mes formations pour créer un espace de collaboration. Par exemple, pendant le confinement, j’ai eu recours à des outils comme Padlet, Miro ou encore Discord, où chacun pouvait venir déposer ses ressources, ses tutoriels, ses découvertes. Cela a créé une forme de communauté apprenante qui s’est auto-organisée, partageant ses retours d’expérience et ses méthodes de travail.

4. Et nous, formateurs ? Comment modéliser l’autoformation ?

En tant que formateurs, nous avons aussi un rôle important à jouer. Nos propres démarches d’autoformation doivent être visibles et partagées. Comment apprend-on nous-mêmes ? Quelles méthodes utilisons-nous ? Si nous voulons que nos apprenants deviennent autonomes, il faut d’abord qu’ils nous voient nous débrouiller en mode “autodidacte”.

Pour cela, il suffit de quelques gestes simples : partager nos apprentissages personnels, nos erreurs, nos réussites. Par exemple, j’ai commencé à documenter ici tous mes apprentissages sur des outils numériques, en classant chaque ressource selon les catégories qui m’intéressent. Cela me permet non seulement de structurer mon savoir, mais aussi de le rendre disponible à mes apprenants.

5. Conclusion : l’autoformation, un atout pour l’avenir

L’autoformation n’est plus une simple alternative aux formations classiques, c’est une compétence de vie. À l’heure où l’on nous demande d’être flexibles et autonomes, c’est aussi un atout majeur pour les formateurs d’adultes. Soutenir la montée en compétences de nos apprenants à travers l’autoformation, c’est leur donner une autonomie, une confiance et un sens à leurs apprentissages.

Le vrai défi, c’est d’aider chaque apprenant à passer du mode récepteur au mode producteur de savoir. Car une fois que l’on a appris à apprendre, on devient capable de transmettre. Et c’est là que la magie opère.

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