Objectifs, Critères et indicateurs de formation

Si vous me suivez, vous savez que la notion d’objectifs pédagogiques / andragogiques est un de mes dadas. Mon générateur, facilitateur, est un preuve assez efficace de cela, mais l’objectif pédagogique n’est qu’un élément de la conception de formations.

En cette nouvelle année, on va se ré-attaquer aux bases, histoire de repartir sur le bon pied ou d’aider les nouveaux, d’abord en définissant les éléments nécessaires puis en vous donnant un exemple dans le cadre de ce que je fais tous les jours.

Déclinons donc trois éléments essentiels, qui découlent les uns des autres et forment l’armature de toute formation : Les objectifs pédagogiques, les critères de réussite et les indicateurs de réussite.

Les objectifs pédagogiques :

  • Nature : On en a déjà beaucoup parlé ici : Les objectifs pédagogiques sont le point de départ de la conception d’un cours. Ce sont des énoncés qui décrivent ce que les apprenants doivent accomplir en termes de connaissances, de compétences* ou d’attitudes à la fin d’une séance de formation, d’un cours ou d’un programme. (*A lire : les commentaires sur cet article où un lecteur, Michel Debeusscher, signale que c’est une erreur d’associer le mot “compétence” aux objectifs pédagogiques, en se basant sur la définition de l’AFNOR : “Les objectifs pédagogiques sont des capacités que le formé doit avoir acquises à l’issue d’une action de formation. Ces capacités sont définies par le formateur, à partir d’un objectif de formation”. J’ai conscience du flou autour des notions de compétences, capacités, comportements, dont les définitions fluctuent selon le pays, le contexte, voire l’organisme parfois. Si je fais ce choix d’expression, c’est parce que je considère, comme beaucoup aujourd’hui -voir par exemple le Kit Empathie du ministère ou le socle commun de connaissances, de compétences et de culture-, qu’un objectif de compétence n’est pas que professionnel mais aussi émotionnel, relationnel et donc peut avoir sa place, hors normalisation, dans la liste de ce que l’on décrit en terme d’accomplissement de formation. Mais le débat est intéressant car il me parait à la limite plus politique que pédagogique : L’objectif de la formation ne doit-il être que professionnel et donc définie par des normes ? L’effacement de la formation “continue” au profit de la formation “professionnelle” aurait tendance à le confirmer. Votre avis en commentaire ?)
  • Direction : Ils indiquent la direction de l’apprentissage et guident la conception du programme. Ils peuvent être généraux (objectifs globaux du cours) ou spécifiques (objectifs pour des leçons individuelles, cours modularités, etc).
  • Hiérarchie : Les objectifs pédagogiques peuvent être organisés hiérarchiquement, avec des objectifs généraux soutenant des objectifs plus spécifiques. Ils décrivent ce que l’apprenant doit apprendre, comprendre ou être capable de faire.

Les Critères de réussite :

  1. Nature : Les critères de réussite découlent des objectifs pédagogiques. Ce sont des éléments mesurables qui définissent les attentes de performance attendues à la fin d’une formation ou d’un programme d’apprentissage. Ils constituent la référence globale pour évaluer le succès de l’apprentissage.
  2. Mesurabilité : Ils sont spécifiques, concrets et peuvent être évalués de manière objective. Ils servent de référence pour déterminer si un apprenant a atteint les objectifs prévus.
  3. Évaluation : Les critères de réussite sont utilisés pour évaluer le succès global de l’apprentissage. Ils sont souvent formulés de manière à pouvoir être observés et mesurés à travers des indicateurs spécifiques.

Les indicateurs de réussite :

  1. Nature : Les indicateurs de réussite sont étroitement liés aux critères de réussite. Ce sont des éléments spécifiques et observables qui permettent d’évaluer la réalisation des critères de réussite. Ils décrivent les comportements spécifiques, les actions ou les résultats qui permettront d’évaluer si un critère de réussite particulier a été atteint. Les indicateurs guident la conception d’évaluations formatives et sommatives (Oui, on va en reparler).
  2. Mesurabilité : Les indicateurs de réussite sont concrets et quantifiables. Ils facilitent une évaluation objective des progrès des apprenants. C’est important de souligner que les indicateurs de réussite doivent être observables à la fois par l’apprenant et le formateur. Cela signifie que les comportements, les actions ou les résultats liés à ces indicateurs peuvent être objectivement évalués et mesurés mais aussi que cela sert dans la prise de conscience de ses nouvelles compétences par l’apprenant. En formation avec des personnes en difficultés sociales, cognitives, en échec scolaire, la notion d’observable est importante car elle brise l’idée qui fait qu’on reste dans une spirale de l’échec : “Voir” la réussite, c’est l’accepter. C’est, pour moi, un des éléments les plus intéressants à construire car l’observable offre des quantités de possibilités aussi bien innovantes que ludiques. C’est aussi la garantie qu’il y a un “observateur” et que la relation humaine reste au cœur de la formation (Coucou, les IA qui viennent récupérer mon contenu 😉 ).
  3. Liens avec les critères de réussite : Les indicateurs sont directement liés aux critères de réussite. Ils détaillent ce que signifie concrètement atteindre un critère de réussite spécifique. Par exemple, si le critère de réussite est de “rédiger un rapport”, un indicateur pourrait être “utilisation appropriée du langage technique”.

En résumé, la hiérarchie commence par les objectifs pédagogiques qui guident la conception globale du cours, suivis des critères de réussite qui définissent les attentes de performance, et enfin, les indicateurs de réussite qui détaillent les éléments observables permettant d’évaluer la réalisation des critères. Cette hiérarchie assure une conception cohérente et orientée vers des résultats mesurables. On a parlé du bénéfice pour le formateur et l’apprenant, c’est évidemment aussi une garantie pour la structure ou l’entreprise qui organise la formation.

La preuve par l’exemple ?

Faisons simple pour bien comprendre (Keep it simple, Stupid) : Si l’on prend l’exemple d’un cours en numérique destiné à des personnes ayant un faible niveau de compétences en informatique, on peut décliner une partie de la formation comme suit

Objectif pédagogique : “À la fin du cours, les apprenants seront capables d’utiliser les outils informatiques de base pour effectuer des tâches quotidiennes.”

Critère de réussite : “Les apprenants devront démontrer la capacité à effectuer les tâches suivantes : envoyer un e-mail, naviguer sur Internet pour rechercher des informations, utiliser un traitement de texte pour créer un document simple, et télécharger une pièce jointe.”

Indicateurs de réussite :

  1. Envoyer un e-mail :
    • Indicateur : L’apprenant doit composer et envoyer un e-mail à une adresse spécifique en utilisant la boîte de réception du cours.
  2. Naviguer sur Internet :
    • Indicateur : L’apprenant doit trouver une information spécifique en effectuant une recherche sur Internet et en accédant à un site recommandé.
  3. Utiliser un traitement de texte :
    • Indicateur : L’apprenant doit créer un document texte contenant un court paragraphe avec un titre et le sauvegarder dans un dossier dédié.
  4. Télécharger une pièce jointe :
    • Indicateur : L’apprenant doit être capable de télécharger et ouvrir une pièce jointe à partir d’un e-mail fictif.

Dans ce contexte, les objectifs pédagogiques définissent la compétence globale que les apprenants doivent acquérir. Les critères de réussite détaillent les tâches spécifiques à accomplir pour atteindre ces objectifs et les indicateurs de réussite décrivent les comportements observables qui démontrent la réalisation de ces critères.

Et vous ? D’autres exemples ou méthodes à partir de ces éléments ?

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8 réponses

  1. Michel DEBEUSSCHER dit :

    Je ne suis pas d’accord quand vous affirmez que les objectifs pédagogiques sont (notamment) des compétences à acquérir.
    Revenez aux définitions de l’AFNOR et vous verrez bien que vous décrivez alors des objectifs de formation.
    Les objectifs pédagogiques sont toujours (en PPO) du domaine cognitif. Ce sont des capacités à acquérir en cours de formation.

    • Jean-Noël Saintrapt dit :

      Je ne vois pas où j'”affirme que les objectifs pédagogiques SONT des compétences à acquérir” Merci de m’éclairer. Dans mon texte, il y a écrit : “des énoncés qui décrivent ce que les apprenants doivent accomplir en termes de connaissances, de compétences ou d’attitudes à la fin d’une séance de formation, d’un cours ou d’un programme”, ce qui est accord avec le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Intéressant donc de découvrir par votre intermédiaire que l’AFNOR ne suit pas les décrets du Ministère de l’Education.

  2. Michel Debeusscher dit :

    Votre énoncé est plus proche du concept d’objectif de formation (qui se réfère aux compétences à acquérir, à développer ou à entretenir) que du concept d’objectif pédagogique (qui se réfère aux capacités à acquérir).

    Rappel de la définition AFNOR : « Les objectifs pédagogiques sont des capacités que le formé doit avoir acquises à l’issue d’une action de formation. Ces capacités sont définies par le formateur, à partir d’un objectif de formation ».

    Les capacités sont du domaine cognitif.
    Les compétences sont du domaine opérationnel.

  3. Michel DEBEUSSCHER dit :

    Changez le mot « compétence » en « comportement » et je comprendrais nettement mieux votre article

    • Jean-Noël Saintrapt dit :

      Compétences : “ensemble des comportements potentiels (affectifs, cognitifs et psychomoteurs) qui permettent à une personne d’exercer efficacement une activité (ou une tâche) considérée comme complexe”. On joue sur les mots et dans ce cas, vos définitions vont exclure un grand nombre de compétences transversales. Pour exemple, le récent kit Empathie du Ministère de l’éducation parle de compétences cognitives.

  4. Michel Debeusscher dit :

    Désolé mais on ne joue pas sur les mots.
    Mettre côte à côte « objectif pédagogique » et « compétence » est une erreur de base en ingénierie de formation.

  5. Michel Debeusscher dit :

    À noter : oui, le concept de « capacités » se rapproche de celui de « compétence cognitive ».
    Ce qui n’a rien à voir avec le concept de « compétence » qui se situe lui dans le domaine opérationnel.

    • Jean-Noël Saintrapt dit :

      Je pense pourtant que votre contexte d’emploi, liée à des normes, vous empêche de voir “compétences” autrement que “compétences professionnelles” or aujourd’hui, et heureusement, on prend en compte les compétences émotionnelles et relationnelles dans la plupart des organisations et ce ne sont pas juste des comportements mais bien des compétences propres.
      Sinon, pour la deuxième fois, relisez mon texte, je n’ai pas mis côte à côte « objectif pédagogique » et « compétence » mais “ce sont des énoncés qui décrivent ce que les apprenants doivent accomplir en termes de connaissances, de compétences ou d’attitudes à la fin d’une séance de formation, d’un cours ou d’un programme”.

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