Bilan “provisoire” du MOOC “La classe inversée à l’ère du numérique”
Comme prévu, j’ai donc suivi le Parcours Initiation du MOOC “la classe inversée à l’ère du numérique” . Même si le concept de classe inversée ne m’était pas inconnu et que j’utilise, avec Moodle, les prémices de cela, j’ai préféré suivre l’initiation afin de profiter des diverses expériences transmises lors du MOOC.
5 semaines de formation sur une base de MOOC assez similaire à ceux que j’ai déjà pu suivre sur FUN. Un Mooc en deux phases : le suivi des capsules/réalisation des Quiz et une activité externe de réalisation d’un prototype de classe inversée en groupe. La totalité des ressources est disponible dès le début du MOOC, il demande une organisation personnelle et une planification importante afin d’aller au bout.
Concernant la première phase “suivi des capsules/réalisation des Quiz”
D’abord, je ne reviendrais jamais assez sur les bienfaits du partage d’expérience. Innover en pédagogie, être au fait de ce qui se passe ailleurs, ne pas se sentir isolé dans ses avancées, c’est malheureusement parfois difficile dans son petit (petit, petit ..) coin. C’est donc particulièrement intéressant de suivre des capsules vidéos comme celles proposées par ce Mooc en semaine 1. Ces entretiens donnent la parole à des enseignants, élèves, parents d’élève, chefs d’établissement, inspecteurs, universitaires afin de nous faire découvrir la classe inversée dans ses pratiques. On peut y voir tous niveaux d’enseignants tenter de mieux accompagner leurs apprenants, de mettre en place des solutions différentes pour tenir compte de toutes les spécificités des apprenants (élèves surtout dans ce cas mais parfaitement transférable). Les points de vue des élèves, parents, universitaires, inspecteurs, sont aussi un moment de questionnement sur ses pratiques propres.
La semaine 2 avait pour objectif de nous montrer la mise en activité des élèves par des travaux de groupe, par des approches projets, par des jeux de rôles, par le tutorat entre pairs, par la résolution de tâches complexes ainsi que diverses façons de gérer les activités des élèves : Je comprends que l’idée de mettre les élèves en production pendant le temps de classe bouscule les repères habituels mais en formation d’adultes, nous sommes souvent (à moins que ce ne soit dans mes cours ?) dans un acte assez effervescent sur le plan des échanges et des apports par les pairs. Ces capsules n’étaient donc pas une découverte pour moi, même si, en tant que parent d’élève, on ne peut pas dire que j’ai vu de fabuleuses expériences dans ces domaines, tout au plus un Padlet collaboratif sur une frise en Sciences. On sent bien que, même si l’institution est à l’écoute, c’est l’enseignant qui fait tout dans la propagation de ces approches. Gérer les temps en présentiel et à distance, alterner travaux individuels et collectifs sont des exercices qui demandent encore une vraie motivation.
Edit 08.12.2016 : une discussion avec une ex-collègue formatrice, aujourd’hui enseignante en Maths en collège, me confirmait le réel besoin de motivation pour mettre en place des enseignements de ce type et ne pas “oublier” les freins : mise en place de lecture des capsules au CDI pour certains, rééquilibrage des compétences entre les “toujours bons” élèves et ceux en difficultés, interrogation des élèves, et parfois des parents, face à un cours “pas comme les autres”, …
L’objectif de la semaine 3 était plus théorique. Les questions posées tournaient autour des outils de guidance des apprentissages et de l’évaluation comme levier des apprentissages. Que faut-il enseigner entre savoirs et compétences ? Pourquoi favoriser l’auto-apprentissage ? Telles étaient les questions auxquelles le Mooc tentait de répondre par l’exemple.
Les capsules vidéos s’appuient sur les travaux de Marcel Lebrun, entre autres docteur en sciences. Nous sommes là dans la notion d’externalisation des savoirs, voire même de notre mémoire et de la découverte d’un “temps libre” du cerveau pour faire autre chose : “… les savoirs semblent relégués à quelque chose d’assez périphérique, voulant dire par là que ce que nous devons apprendre aux jeunes c’est à trouver l’information, à la valider, à être capable de la partager, de la communiquer […] et que le savoir, on peut aller le chercher” . Pour en savoir plus, je vous conseille de lire une conférence de Lebrun (ici par exemple) et d’explorer Youtube pour en voir (là) ou ci-dessous :
Sur cette semaine, ayant moins de temps à consacrer au Mooc, je n’ai réussi que la moitié des questions (5/10, ouh !! pas bien !) considérant quand même qu’une erreur n’était qu’orthographique : “procédure” au lieu de “procédures” et que j’ai été un peu trop rapide (manque de temps, j’ai dit) puisque j’ai coché une seule réponse alors que c’était des réponses multiples.
Un dessin, que je n’ai pas fini d’utiliser, scénarisé par Lebrun, démontrait parfaitement la question des usages innovants : si les usages n’évoluent pas avec l’outil, celui-ci ne sert qu’à reproduire un schéma perdu d’avance.
De quoi faire remonter de bons (?) souvenirs de formations où l’on me demandait de mettre en ligne sur Moodle des cours papiers (Arrrghhh !), de quoi aussi ramener le Modèle SAMR comme une constante à la surface de mes pratiques numériques. Je ne reviens pas sur les outils proposés, mes expérimentations dans ce domaine et l’explicitation de mes choix d’outils, c’est un sujet récurrent de ce port-folio.
La semaine 5 était consacrée d’abord à la mutualisation des pratiques et des ressources. J’ai dit au dessus le rôle de “missionnaire” que prenaient certains enseignants, trop rares encore, dans la diffusion de pédagogies innovantes, les capsules vidéos étaient tout à fait dans ce sens.
Cette semaine explorait aussi les conditions juridiques de la mutualisation, au travers notamment des licences sous lesquelles mettre nos productions. Comme j’ai déjà pas mal travaillé la question des licences via celle du Copyleft et négocié des droits d’auteurs en tant qu’éditeur, c’est un domaine que je connais bien, donc rien de nouveau si ce n’est cette éternelle inquiétude quand je vois des enseignants se réappoprier naïvement des supports. Pour rappel au cas où, un tableau synthétique plutôt bien fait :
On nous proposait aussi un bilan du dispositif de classe inversée, vu par une enseignante en français convaincue. Enfin, le Mooc se terminait par quelques conseils, notamment de Marcel Lebrun : “Je crois que l’innovation progresse par hybridation […] L’hybridation est salutaire parce qu’elle ne nous dit pas de tout changer tout de suite”. Ce qui, pour moi, sonnait comme un “n’y allez pas d’un coup tout entier mais tentez, expérimentez, avancez …” qui résume plutôt bien ma façon de voir la pédagogie aujourd’hui.
Bilan des Quiz : Je me retrouve avec 9 questions en erreur sur les 50 Questions aux Quiz (par semaine 9/7/5/10/10), ce qui me donne un taux de réussite de 82%, pas transcendant mais raisonnable, l’important sera l’analyse que je fais des mes erreurs (A noter que les quiz ne sont pas utilisés comme indicateur du MOOC mais là seulement pour aider l’apprenant à s’autoévaluer… “Vas-y : utilise les méthodes préconisées sur toi-même, ça t’aidera à en comprendre l’utilité …”)
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Concernant la deuxième phase “réalisation d’un prototype de classe inversée en groupe”
Le première semaine, la proposition est faite de rencontrer d’autres participants dans des sous-groupes d’échanges sur Viaeduc, ceci afin de former des équipes projets. Un “Monsieur MOOC” nous accompagne pour cela en intervenant pour créer un fil d’échange, espace de travail collaboratif. Le concept de monsieur MOOC pourrait être intéressant si on avait dessiné une sorte de persona. Là, c’est juste un avatar de l’équipe pédagogique et technique avec lequel il est difficile d’avoir une réelle empathie : efficace dans ses réponses aux questions, sur Viaeduc et le fil de discussion du MOOC, et ses interventions techniques mais sans réelle personnalité. Oui, je sais, je m’attache à une notion de “professeur”, posture qui tend à disparaitre, pourtant le MOOC en est plein, d’enseignants attachants, innovants, pertinents … Du coup, le “Monsieur MOOC” paraît bien fade à côté.
Viaéduc, si vous ne connaissez pas, c’est une sorte de réseau social enseignant, porté par le Groupement d’Intérêt Public « Réseau Professionnel des Enseignants » (GIP RPE), qui réunit des partenaires publics et privés.
Les forums, sans hiérarchie, y sont assez lourds à suivre. Des fils de discussions peuvent partir de n’importe quel message, même le plus ancien et du coup, cela demande une attention régulière ou bien l’activation d’alerte mail chaque fois qu’un nouveau message vous concernant arrive. Assez ingérable dans le cadre d’un Mooc où la discussion peut partir dans tous les sens : “votre actualité sur Viaéduc” revient vite 17 fois dans votre messagerie, donc on désactive les notifications et on se concentre sur la lecture des fils … Chronophage !
Ce Mooc demande donc un travail d’équipe et la création d’équipe via discussions. C’est toujours compliqué : disponibilités différentes, besoins & contextes différents, échanges partiels … mais on a bien compris que la tendance des MOOCs était de privilégier le collaboratif (C’est la même demande sur le UMOOC). Une section formateur d’adultes m’a attiré (on se demande pourquoi ?) et j’ai rejoint une équipe qui se posait quelques questions autour de Bureautique et Classe Inversée.
Après discussions, la première orientation s’est faite autour d’un cas pratique de veille et communication interne entreprise, bien dans l’esprit des nouvelles tâches bureautiques. J’ai proposé un déroulé de l’apprentissage où les apprenants seraient chargés de la veille documentaire et informationnelle d’une entreprise/Institution et de la diffusion de cette veille à l’ensemble des salariés. Un peu lourd au vu des retours de mes collégues. La proposition de travailler à la maison l’apprentissage d’un outil numérique pour réaliser une veille et de faire ensuite une activité avec en classe nous a mis tous d’accord. Microsoft OneNote, que nous étions plusieurs à ne pas connaître et utiliser, a été proposé par une collégue du groupe et nous nous sommes rangé à son avis, même si, pour ma part, je suis assez distant avec ce que je considérais comme une usine à gaz pour réaliser une tâche assez simple.
Deux axes se dessinaient : remplir un formulaire sur notre Classe inversée avec analyse du besoin, scénarisation pédagogique, communication, modalité d’évaluation … et travailler sur la classe elle-même. Le formulaire a été préparé grâce à OneNote en partage (avec un gros travail, que nous n’avons eu qu’à peine compléter, d’une membre de l’équipe – vive le collectif !), cela m’a permis d’utiliser l’outil en situation.
Concernant le clase elle-même, la réalisation de capsules de formation nous paraissant un travail trop important pour le temps imparti et les disponibilités de chacun, nous avons basé notre module de classe inversée sur de l’existant : les formations Microsoft qui sont déjà modularisées et avec des capsules vidéos assez courtes. Nous avons décidé de l’ajout d’un Quiz permettant la vérification des acquisitions suite à lecture de ces capsules. La liste des questions et réponses a été gérée de main de maître par une participante au groupe qui connaissait visiblement bien l’outil. Restait à mettre en forme tout ça : lien vers les capsules vidéos, Quiz et structuration du tout à destination de l’apprenant.
Vous savez que j’accorde beaucoup d’importance au design de site et à la simplicité d’utilisation pour choisir mes outils. Après avoir vu pas mal d’applications pour faire des Quiz, J’ai testé EvalQCM et Askabox. Simple d’inscription, la création de Quiz est rapide et efficace mais dans un cas, je me suis retrouvé devant l’impossibilité d’ajouter des questions ouvertes, ce qui est assez redhibitoire et dans l’autre, sans compte pro payant, avec l’impossibilité de distinguer les réponses des apprenants. J’ai donc décidé d’utiliser Google Forms qui se trouvait répondre à la plupart des cas nécessaires, avec en plus l’avantage d’avancer en terrain connu pour beaucoup d’utilisateurs.
Pour la structure, un Padlet, utilisé pendant le MOOC, nous a paru le plus approprié. C’est un outil simple, intuitif, facilement collaboratif, rapide à mettre en oeuvre et en français (C’est assez rare en fait dans les outils pédagogiques en ligne) comme je les aime. J’ai donc fait une proposition à voir ici.
Je me suis référé aux Principes de Mayer, principes pédagogiques à prendre en compte pour concevoir des environnements d’apprentissage multimédia afin d’optimiser les effets du travail en Classe Inversée. Pour ce module, cela donne :
- Le principe de cohérence : Pas d’informations non essentielles pour l’apprentissage
- Le principe de signalement : Certains informations sont mises en relief
- Le principe de redondance : Peu de texte, des verbes précis et des liens imagés
- Le principe de contiguïté spatiale : Un schéma pour suivre le parcours du module
- Le principe de contiguïté temporelle : C’est le cas des capsules utilisées, discours et tâches synchronisées
- Le principe de segmentation : Le module proposé est une courte séquence d’apprentissage, elle-même découpée en plusieurs capsules
- Le principe de pré-entrainement : Le Padlet comporte une courte vidéo expliquant les éléments-clés du logiciel à apprendre
- Le principe de modalité : Les capsules vidéo apportent l’oralité liée au visuel
- Le principe d’intégration multimédia : Le Padlet est une combinaison de mots et d’images, les capsules aussi
- Le principe de personnalisation : Le padlet utilise les Nous et Vous
Le MOOC se termine le 16 décembre, il nous reste à finaliser et mettre en formulaire notre proposition. La dernière phase, évaluation par les pairs, viendra clore ce Mooc. Je ferais un edit de ce post pour en parler.
Edit du 15.12.2016 | Un point sur les avancées
Par expérience, je crains toujours un peu le travail collaboratif : pas les mêmes temps, pas les mêmes outils, pas les mêmes méthodes, pas les mêmes objectifs ou motivations, c’est parfois assez compliqué de réaliser une activité cohérente. Sur le MOOCIN2016, cela s’est plutôt bien passé. Une des membres de l’équipe, Véronique, résume bien notre fonctionnement : “Je pense que nous avons pu, malgré la difficulté de travailler à distance, mettre en avant nos atouts spécifiques dans la réalisation de notre projet.” et je suis bien d’accord. Nous avons su jongler, avec nos atouts spécifiques, entre théorie, veille outils et mise en pratique pour construire un produit final assez conséquent au vu des autres projets.
Un petit souci de communication a fait que notre chef d’équipe a déposé un document non finalisé. Le fait de s’en être vite aperçu m’a permis de lui fournir le texte finalisé. Un deuxième formulaire de projet (à lire ici) a été déposé et pris en compte par un Monsieur MOOC toujours réactif et à l’écoute.
Nous en sommes donc à la phase d’évaluation par les pairs : très critériée, sur la base d’un formulaire avec peu de place pour les commentaires, au point que, même moi qui critiquait le peu de régles d’évaluation sur le MOOC ArchInfo, je trouve cela presque trop strict, c’est dire !
L’équipe retravaille sur un document partagé afin de recenser les points de vue de chacun et nous n’aurons plus qu’à soumettre pour aller au bout du MOOCIN2016.
M.à J. du 05.01.2017
J’ai soumis les évaluations dans les temps, malgré le silence de certains membres du groupe. M. MOOC vient de publier les évaluations par les pairs : dans notre cas, deux évaluations de notre projet très opposées :
Une très positive, les items notés 5 et 4 et un commentaire bien vu : “Ce projet ainsi élaboré devrait permettre aux stagiaires d’avancer à leur rythme et de pouvoir coopérer dans le groupe dans lequel ils évoluent. Les formateurs auront du temps de dégager pour aider les plus fébriles, notamment ceux moins à l’aise avec l’outil informatique, au delà de l’utilisation de One note.”
https://drive.google.com/file/d/0B6fbutY3Rst1Y3hEUXhoREVrdTA/view
L’autre, je pense que l’évaluateur n’a même pas pris le temps de lire le projet. Notation entre 3 et 4, il n’y a pas vu de travail donné en aval du temps classe, etc… En commentaire : “on n a pas de documents du travail fait en classe”
https://drive.google.com/file/d/0B6fbutY3Rst1SlNhdHQwNGdVSlk/view
La formulation du commentaire et le fait de ne même pas mettre l’apostrophe pourrait révéler un souci de compréhension du document mais nous n’avons pas le contact des évaluateurs, je ne pourrais donc pas échanger sur cela. C’est clairement le jeu des Moocs que ces évaluations par les pairs qui se révèlent souvent bancales. J’en ai pas mal parlé déjà …
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Références/ liens :
Une série d’articles et d’outils sur le Pearltrees de l’atelier Canopé
Je me suis inscrit mais je n’ai pu aller au bout de ce MOOC. Il me paraissait intéressant mais le fait d’aller sur Viaeduc pour trouver une équipe et ensuite faire les activités, j’ai trouvé cela trop compliqué. Dommage.
Dommage pour vous surtout, mais même si vous ne faites pas les activités (je crois que c’est un peu tard pour trouver un groupe), comme ce thème vous intéresse, essayez quand même de suivre les ressources. Les vidéos expliquent plutôt bien à la fois la théorie et surtout la mise en pratique par des enseignants motivés. il y a de belles expériences à prendre en modèle pour tester des choses avec vos classes ou formations.
Et puis si vous vous lancez, vous pouvez toujours venir en parler ici…